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Covid-19 : le professeur Enrique Casalino critique l'absence de mesures qui permettent "une réduction de la vague épidémique rapide"

Selon le chef des urgences à l'hôpital Bichat, le monde de la santé attendait un message "un peu plus fort".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Clermont-Ferrand, le 17 décembre 2021. (R?MI DUGNE / MAXPPP)

Face à "l'énorme pression qu'il y a sur l'hôpital, je ne vois pas dans les mesures dictées hier quelque chose qui permette une réduction de la vague épidémique rapide, dans la semaine ou les deux semaines", a réagi le le professeur  Enrique Casalino, infectiologue et directeur médical à l'AP-HP, mardi 28 décembre sur franceinfo.

franceinfo : Les annonces du gouvernement sont-elles à la hauteur de vos attentes ?

Enrique Casalino : J'ai un regard "très soignant" et ce que je vois c'est une énorme pression sur l'hôpital qui est la pression habituelle que nous avons toujours en période hivernale avec beaucoup de demandes de lits. Beaucoup de nos lits sont occupés par des patients covid-19. Les perspectives dans les jours à venir et dans les semaines à venir, c'est que cela continue à augmenter. Et je ne vois pas dans les mesures qui ont été dictées quelque chose qui soit de l'ordre de nous permettre une réduction de la vague épidémique rapide dans la semaine ou dans les deux semaines. Je ne crois pas que ne pas pouvoir prendre un café ou une bière au bar soit quelque chose de manière à réduire de façon massive la transmission des virus qui, aujourd'hui, nous concernent que ce soit la Covid-19 ou la grippe en cette période hivernale et qui met en difficulté le système hospitalier.

Ces nouvelles mesures ne vous semblent donc pas suffisantes ?

Scientifiquement, il n'y a rien dans les mesures qui ont été proposées qui permettent réellement une réduction de la circulation virale. Nous sommes confrontés quand même à deux épidémies en même temps. Delta qui reste un virus extrêmement grave, responsable d'admissions en réanimation, responsable d'hospitalisations, responsable de troubles respiratoires sévères. Et nous sommes en même temps confrontés à un nouveau variant Omicron qui est sûrement moins graves, mais qui est immensément plus contagieux et qui risque aussi de nous mettre en difficulté. Pour le moment, nous ne voyons pas ce qui nous permet d'être optimistes dans les quinze jours qui viennent.

Comment les Français perçoivent les annonces du gouvernement, selon vous ?

Il y a un problème dans la forme. 1h45 minutes de présentation pour retenir trois ou quatre mesures, c'est vraiment trop long. Je ne crois pas que le Français moyen ait réussi à bien comprendre ce qu'on attendait de lui à partir de lundi prochain, pas à partir d'aujourd'hui, mais de lundi prochain. Deuxièmement, dans le fond, excusez-moi et je suis peut-être un peu corporatiste, mais il n'y a rien sur le monde de la santé. Pas uniquement l'hôpital, tout le système de santé attend des messages un peu plus forts. Nous sommes dans une période extrêmement difficile, très contrainte, on attendait quelque chose qui nous donne une perspective, un horizon sur lequel on va s'orienter.

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