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Vidéo Covid-19 : "Le pic de la 7e vague est passé en termes de contaminations", assure Jean-François Delfraissy

Le président du Conseil scientifique, instance qui sera dissoute à la fin du mois, précise que la situation s'améliore plus lentement à l'hôpital. Il anticipe même une "tension" sur le littoral, le Sud-Ouest et le Languedoc.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, invité de franceinfo vendredi 22 juillet 2022. (FRANCEINFO)

Alors que le public éligible à une deuxième dose de rappel de vaccin contre le Covid-19 s'élargit, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique affirme sur franceinfo, vendredi 22 juillet, que "le pic de la septième vague est passé en termes de contaminations". "L'épidémie n'est pas finie", pointe-t-il cependant, évoquant une situation hospitalière instable. Alors que l'instance qu'il préside va disparaître à la fin du mois, Jean-François Delfraissy plaide désormais pour la création d'un "Conseil de la science" afin d'"améliorer les relations entre scientifiques et autorités françaises".

Le pic de la septième vague est-il derrière nous, y compris à l'hôpital ?

Jean-François Delfraissy : Il n'est pas passé à l'hôpital. Il est passé en termes de contaminations mais comme vous le savez maintenant, il y a toujours un décalage d'environ une quinzaine de jours entre contaminations et hospitalisations. Nous allons donc continuer à avoir un impact important au niveau hospitalier. Nous avons les outils pour faire face. Il peut y avoir un moment de tension important dans certaines zones françaises puisqu'il y a des mouvements de population importants avec les vacances, par exemple sur la côte, sur le Languedoc, sur le Sud-ouest. Cet afflux de personnes peut faire qu'il y ait de la tension début août. Cependant, nous allons passer cette septième vague.

Qu'est-ce qui fait qu'on arrive à passer une telle vague aujourd'hui, alors qu'on avait tant de difficultés il y a encore quelques mois ?

Premièrement, nous avons affaire au variant Omicron, depuis fin décembre, et à ces petits cousins que sont B1, BA2, BA4, BA5, qui sont très transmissibles. Ça montre que ce virus continue à évoluer et que l'épidémie n'est pas finie. Mais, le point essentiel, c'est que ce variant n'est pas sévère. Tout s'effondre si nous avons affaire à un virus qui est sévère. Deuxièmement, nous pouvons dire que la médecine reprend ses droits. Nous avons les outils pour faire face qui ne sont pas uniquement des outils de santé publique, même s'ils demeurent importants.

Nous avons les vaccins et la vaccination est le cœur de la guerre contre ce virus.Nous avons également les traitements avec les antiviraux qui sont insuffisamment utilisés en France.

Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique

à franceinfo

Cette notion de traitement n'est pas suffisamment mise en place. Il y a deux types de traitements. Les anticorps monoclonaux, qui sont des substances qui sont produites in vitro, puis ensuite, sont injectés pour les populations les plus fragiles et en particulier les immunodéprimés par intraveineuse. Et puis, on a maintenant un médicament par voie orale qui est le Paxlovid. Je n'ai aucune action sur le laboratoire qui fabrique ce médicament. Si on prend ces quatre comprimés par jour pendant cinq jours, de façon précoce, cela réduit d'environ 85% l'évolution vers des formes sévères et les formes graves. Enfin, nous avons désormais la capacité de diagnostiquer et de séquencer, de voir arriver un nouveau variant à l'avance.

Quel regard portez-vous à propos de la réintégration des soignants non-vaccinés ?

Nous pensons d'abord que c'est un débat politique. Moi, je m'occupe du sanitaire. Je veux d'abord rappeler que le Conseil national de l'ordre infirmier a fait un travail remarquable au cours des derniers mois, dans un silence absolu. Ils ont fait un travail de médiation important, c'est-à-dire que les soignants qui étaient non-vaccinés et qui voulaient être réintégrés, plus de la moitié d'entre eux ont pu finalement avoir un vaccin. Deuxièmement, ça concerne un tout petit nombre de gens. On parle de 75 médecins et pharmaciens et de l'ordre de 2 000 à 3 000 infirmières ou aides-soignants. Ce n'est donc pas très important. Les arguments scientifiques ne sont pas énormes. D'abord, le vaccin ne protège pas très bien contre l'infection et contre la contamination, mais il protège quand même, et en particulier les sujets jeunes qui ont une bonne réponse immunitaire et les soignants sont des sujets jeunes. De plus, travaillant à l'hôpital, les gens me disent que si on doit réintégrer les soignants qui n'ont pas été vaccinés, ça ne va pas très bien se passer non plus au sein des équipes soignantes. Pour toutes ces raisons, dont certaines sont scientifiques, les autres moins scientifiques, le Conseil scientifique a émis un avis réservé sur la réintégration des soignants.

Que va devenir le Conseil scientifique ?

Il s'arrête donc le 31 juillet. Il va être remplacé par un nouveau comité qu'est en train de mettre en place le gouvernement. Ce comité sera plus vaste et aura à traiter de l'ensemble des crises sanitaires, notamment dans le domaine des maladies infectieuses mais aussi peut-être, dans l'environnement. Ce comité sera mis en place aux environs du début août. Nous allons faire la transition avec ce nouveau comité. Un certain nombre de membres du Conseil scientifique poursuivront. Et puis, nous sollicitons aussi la création d'un objet nouveau pour la France, qui est le Conseil de la science. Pourquoi ? Parce qu'on s'est aperçu, à l'occasion de cette crise, que les interactions entre les scientifiques de très haut niveau et les autorités françaises pouvaient encore être améliorées. On souhaite que se monte en France une relation plus étroite entre les très grands chercheurs et les autorités de ce pays.

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