Covid-19 : "La saturation, on y est déjà, et les équipes commencent à avoir de la peine à assumer", alerte le professeur Marc Leone
"Ce qui nous inquiète, c'est la contagiosité des nouveaux variants, plus que leur sévérité d'ailleurs", explique sur franceinfo le secrétaire général de la Société française d’anesthésie et de réanimation.
"La saturation, on y est déjà, et les équipes commencent à avoir de la peine à assumer", a lancé jeudi 28 janvier sur franceinfo le professeur Marc Leone, secrétaire général de la Société française d’anesthésie et de réanimation (SFAR) et chef du service anesthésie-réanimation de l’Hôpital Nord de Marseille. Ce jeudi, Olivier Véran a annoncé de nouvelles mesures à venir et fait le point sur la situation sanitaire. "La tension hospitalière augmente à nouveau", a notamment déclaré le ministre de la Santé. "Ces deux dernières semaines, il y a désormais plus de cas graves à l’hôpital que de personnes pouvant en sortir", a-t-il ajouté, faisant état de 250 patients admis en réanimation chaque jour.
franceinfo : Sentez-vous monter cette pression hospitalière ?
Marc Leone : On la sent physiquement et moralement. On a fait par exemple en début de semaine 12 admissions en réanimation de patients Covid-19 sur un peu plus de 24 heures, ce qui est énorme. On a dû ouvrir à nouveau une unité supplémentaire. Et là, on s'apprête à ouvrir demain une deuxième unité supplémentaire pour les patients Covid-19. Sur le département, on a 300 places de réanimation au total, et on a aujourd'hui 169 patients atteints du coronavirus qui sont hospitalisés dans ces lits, avec 46 patients qui restent de l'ancienne vague. Donc ça fait un nombre considérable avec très peu de place pour les patients qui n'ont pas le Covid, ce qui nous inquiète tout le temps.
Constatez-vous une montée des cas de variants du virus ?
Quand on est réanimateur, on n'a pas ce suivi patient par patient. Ce qui nous inquiète, c'est la contagiosité des nouveaux variants, plus que leur sévérité d'ailleurs : si la contagiosité est plus importante, ça veut dire que le nombre de patients admis en réanimation va être beaucoup plus important que sur des vagues précédentes.
"Ça nous inquiète, car aujourd'hui, on est déjà en tension."
Marc Leoneà franceinfo
Si la situation perdure, risquez-vous la saturation, notamment à Marseille ?
La saturation, on y est déjà. Normalement, dans l'hôpital où je travaille, on a 39 lits de réanimation. Aujourd'hui, on doit être à peu près une cinquantaine de lits de réanimation ouverts. On s'apprête à en avoir 58 d'ici demain soir. Donc, la saturation a lieu parce que vous vous imaginez bien que pour faire marcher un système au-delà des capacités habituelles, ça veut dire que les gens doivent prendre moins de vacances, doivent prendre plus de gardes, plus de présence sur place. Et ça, ça se répète une troisième fois finalement en un an. Et la fatigue est là, et les équipes commencent vraiment à avoir de la peine à assumer, même s'ils restent très professionnels.
Ce coup d'arrêt des primo-injections dans certaines régions vous inquiète ?
Ca ne nous réjouit pas, parce qu'on a un espoir immense dans la vaccination dont pense que c'est la seule issue favorable en dehors du temps, parce que toute pandémie a une fin, mais on ne sait pas quand. La vaccination est vraiment la façon de résoudre cet épisode le plus rapidement possible. Donc, oui, ça nous inquiète dans le sens où on aimerait que le maximum de la population soit vaccinée pour arriver à soulager la surtension hospitalière, pour arriver aussi à soigner les patients non-Covid de façon conforme et non pas ce qui est réalisé actuellement.
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