Covid-19 : en Martinique, un comité lutte contre la désinformation et "pour faire passer la connaissance" sur le vaccin
En Martinique, le taux de vaccination est au plus bas. En moyenne sur tout le territoire français, plus de 70% de la population a reçu au moins une première dose, mais seulement 25% dans le département ultra-marin. Un comité citoyen vient d’être créé afin de lutter contre la désinformation.
Le sociologue André Lucrèce s'est donné une mission : informer dans un département "où règne la défiance" et les fake news. Il est à la tête d'un comité citoyen qui s'est donné pour objectif de répondre aux questions des Martiniquais face au Covid-19. Alors que les hôpitaux sont toujours sous tension, le taux de vaccination est au plus bas : seuls 25% de la population a reçu au moins une première dose. Et même si le département vient de franchir la barre des 100 000 primo-vaccinés, on est encore loin du compte.
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Le comité citoyen est composé de sept personnes – une ancienne avocate, des influenceurs, un syndicaliste – qui ont pour but de lutter contre la désinformation, répondre aux questions que les gens se posent via une plateforme internet. En clair : remettre la vérité scientifique au centre du débat, et mieux communiquer. "On ne peut pas développer une politique publique sanitaire sans avoir des moyens de faire passer la connaissance, estime André Lucrèce. Il faut absolument qu'il y ait un mouvement qui puisse porter à la connaissance des gens et répondre aux questions qu'ils se posent. Or ça, à mon avis, ça n'a pas été fait."
Des patients qui se vaccinent en cachette
La désinformation trouve un terreau favorable en Martinique, explique le sociologue. Développement des réseaux sociaux, ressentiment contre l'État, avec des scandales sanitaires à répétition ces dernières années, instrumentalisation politique par les mouvements indépendantistes... Ajoutez à cela les réseaux sociaux, et vous avez une sorte de terreur vaccinale, comme devant ce centre de vaccination où nous rencontrons une dame, venue en cachette se faire vacciner car ses enfants sont contre.
Un cas fréquent ici selon le docteur Vigée, médecin au centre de vaccination du Lamentin. "Il y a une honte ou encore une peur de 'représailles' de la part des proches, explique le médecin, à qui certains patients disent : "Pouvez-vous me faire rapidement le vaccin parce que je ne voudrais pas que mes enfants appellent et qu'ils sachent que je suis au centre de vaccination."
"Des véhicules équipés de hauts-parleurs se positionnent devant les centres de vaccination et invectivent les personnes, nous traitant d'assassins, en pointant du doigt untel ou untel."
Docteur Vigée, médecin au centre de vaccination du Lamentinà franceinfo
Malgré cela, inlassablement, les pompiers continuent leur travail de pédagogie pour vacciner le maximum de personnes.
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