Cet article date de plus d'un an.

Covid-19 : cinq questions sur le contrôle des passagers venant de Chine dans les aéroports français

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Des passagers d'un vol en provenance de Chine, le 1er janvier 2023, à l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. (JULIEN DE ROSA / AFP)
Le gouvernement a détaillé dimanche le dispositif visant à contrôler les voyageurs en provenance de Chine. Et notamment le fonctionnement des tests qui seront pratiqués à leur arrivée en France.

Alors que Pékin a mis brusquement fin à sa politique du "zéro Covid" début décembre, entraînant une explosion des contaminations dans le pays, plusieurs pays comme la France ont décidé de prendre des mesures de contrôle. Le gouvernement français va donc imposer, à partir du jeudi 5 janvier, des tests aux passagers arrivant de Chine, pour limiter les risques de propagation du virus.

Il s'agit d'un "dispositif souple, extrêmement réactif", a assuré, dimanche 1er janvier, le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune. Avec le ministre de la Santé, François Braun, il a détaillé depuis l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle la nouvelle stratégie française de contrôles face au regain de l'épidémie de Covid-19 en Chine. On vous la présente en cinq questions.

Comment fonctionne le dispositif français ?

Le décret paru au Journal officiel, samedi 31 décembre, précise les modalités des contrôles imposés aux voyageurs de Chine à destination de la France. Il impose aux voyageurs de plus de 11 ans en provenance de Chine par avion un test négatif de moins de 48 heures à présenter à l'embarquement ainsi que le port du masque pour les passagers de plus de 6 ans sur ces vols. "Ces voyageurs devront également s'engager à se soumettre à une campagne de dépistage aléatoire à leur arrivée sur le territoire national et à s'isoler en cas de résultat positif", ajoute le texte.

Le décret est entré en vigueur dimanche, à l'exception des mesures relatives à l'obligation d'un test négatif à l'embarquement et à la signature d'un engagement de se soumettre à un test à l'arrivée, qui seront mis en place le 5 janvier. Mais dès dimanche, des premiers tests aléatoires facultatifs ont été réalisés à l'arrivée en France. "Cela a permis de tester déjà une quinzaine de personnes sur le premier vol", a annoncé Clément Beaune. Ces mesures sont pour l'instant instaurées jusqu'au 31 janvier, selon le décret. "Si on doit les prolonger, elles seront prolongées", a déjà prévenu le ministre de la Santé.

Combien de voyageurs sont concernés ?

Pour l'instant, le nombre de personnes arrivant de Chine est modéré. "Nous ne parlons pas de dizaines de milliers" de voyageurs, a ainsi rassuré le ministre délégué aux Transports. "Il y a aujourd'hui six vols qui viennent de Chine de manière hebdomadaire en France, dix si on inclut les vols à partir de Hong Kong." Selon Clément Beaune, cela représente environ 3 000 personnes par semaine, mais ce total inclut des passagers qui ont seulement transité par le territoire chinois et d'autres qui effectuent seulement une correspondance sur le sol français vers d'autres pays. "Donc on parle de quelques centaines de personnes par semaine", assure Clément Beaune.

En revanche, les vols à destination de la France et de l'Europe depuis la Chine doivent "augmenter progressivement dans les prochaines semaines", selon le ministre délégué aux Transports, qui justifie ainsi la nécessité de mettre en place les contrôles. "D'ici début février, on considère que ce sont 500 à 600 passagers supplémentaires par semaine qui seront présents sur le territoire", annonce-t-il.

Concernant la procédure des tests aléatoires, cela signifie bien que l'ensemble des passagers d'un appareil ne sera pas testé à l'arrivée en France. "On va tester le plus possible. Sachant que sur un avion, s'il était plein, on partirait plutôt sur un tiers de l'avion qui serait testé", a précisé Clément Beaune, en ajoutant qu'il serait toutefois possible de tester "un avion complet".

Que va-t-il se passer pour les cas positifs sur le sol français ?

Les touristes positifs au Covid-19 venus de Chine auront "des consignes d’isolement", annonce François Braun, le ministre de la Santé. "On ne les empêche pas de rentrer sur le territoire, mais (...) ils sont identifiés, on peut les rappeler", assure-t-il.

"Soit ils sont positifs avant et ils ne montent pas dans l'avion. Soit ils sont testés positifs ici et on les recontacte."

François Braun, ministre de la Santé

lors d'une déclaration à la presse à l'aéroport de Roissy

"On a tout un système mis en place pour pouvoir les identifier, savoir où [ils] vont être", explique François Braun. En cas de test positif, les personnes seront donc contactées pour recevoir la consigne des sept jours d'isolement habituels. "Bien entendu, s'ils sont positifs avec un variant qu'on ne connaîtrait pas, un nouveau variant, on va être amenés à les surveiller de beaucoup plus près", précise encore le ministre de la Santé. 

Quel est l'intérêt scientifique du dépistage ?

La mise en place de contrôles est "importante en termes de confiance" et "de précaution", a rappelé Clément Beaune. Le contrôle à l'arrivée n'a pas vocation à "empêcher des citoyens de rentrer sur notre territoire", mais plutôt à surveiller l'évolution des variants, a de son côté précisé François Braun.

Mais cette stratégie a déjà fait l'objet de plusieurs critiques de la communauté scientifique. "Jamais aucune mesure de contrôle n'a empêché l'arrivée de variants sur le territoire européen", rappelle à franceinfo le virologue Bruno Lina. Le ministre de la Santé explique, lui, que l'intérêt de ce dépistage est d'exercer "un contrôle scientifique qui va nous permettre de suivre les différents variants". Il assure, que pour l'instant, "ce sont essentiellement des variants Omicron" qui arrivent de Chine. Et il estime que le nouveau dispositif permet de "protéger les Français de l'émergence possible d'un nouveau variant, vu le nombre de cas qu'il y a en Chine".

Pour Brigitte Autran, immunologue et présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) qui a remplacé le Conseil scientifique Covid-19 il y a quelques mois, "le seul intérêt" d'un dépistage aux frontières est effectivement "de faire un test systématique pour analyser quel est le type de variant que portent" les personnes positives arrivant en France. Mais elle estime qu'un tel dispositif de séquençage des variants se révèle "lourd".

Comment réagissent les autres pays ?

Avec la mise en place de contrôles, la France agit à l'unisson de l'Italie, du Japon, de l'Espagne, du Royaume-Uni, des Etats-Unis ou encore de la Corée du Sud, qui ont également imposé un test Covid-19 aux voyageurs venant de Chine. Samedi, le Canada et l'Australie ont rejoint la liste des pays à prendre des mesures. Certains vont plus loin. Le Maroc va ainsi interdire l'entrée sur son territoire à tous les voyageurs en provenance de Chine à compter du mardi 3 janvier.

Mais pour l'instant, en l'absence de coordination européenne, il est encore possible de prendre un vol pour certaines capitales européennes sans contrôle, avant de rejoindre la France par le train, a admis Clément Beaune. Il a d'ailleurs promis une décision européenne "dans la semaine pour harmoniser les règles". Les Etats membres de l'UE doivent discuter mercredi d'une réponse commune à adopter.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.