Covid-19 : après les déprogrammations, les services de chirurgie reprennent du service et retrouvent leurs patients
Les hôpitaux ont laissé la priorité aux malades du Covid pendant les trois vagues épidémiques. Des milliers d'opérations chirurgicales peuvent désormais avoir lieu. Reportage à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre dans le Val-de-Marne.
La troisième vague de l'épidémie de Covid-19 en France est bien derrière nous. Il y a désormais moins de 10 000 malades du Covid qui sont encore hospitalisés. La plupart des hôpitaux ont donc levé le plan blanc et reviennent à une activité normale. C'est le cas notamment de tous les services de chirurgie, quasiment au chômage technique pendant la pandémie. À l'hôpital du Kremlin-Bicêtre dans le Val-de-Marne, le service de chirurgie orthopédique a retrouvé ses repères et ses malades. "Bonjour madame, ça va ? Le médecin est toujours au bloc mais il va monter vous voir tout à l'heure", explique une soignante, contente de revoir les patients.
"On aidait autrement"
Pendant les trois vagues de l'épidémie, une majorité d'opérations ont été annulées, le service s'était transformé en unité Covid, raconte l'un de ses chirurgiens, le docteur Véronique Molina : "Quand on rentrait, c'était notre service, mais après, ce n'était pas nos patients. Il y avait devant toutes les chambres de quoi s'équiper pour rentrer. D'autres médecins étaient là pour s'occuper des patients parce que nous, en tant que chirurgiens, pour le coup, on ne se sentait pas capable sur le plan médical de s'en occuper et on aidait autrement", explique cette chirurgienne, qui est devenue aide-soignante ou infirmière pendant l'épidémie.
"C'était notre service, mais ce n'était plus notre service."
Docteur Véronique Molinaà franceinfo
Il n'y a désormais plus un seul patient Covid dans ce service de chirurgie orthopédique. Les opérations ont repris avec des poses de prothèses, des prises en charge d'accidents de circulation ou de blessures au sport. Des opérations jugées non prioritaires pendant l'épidémie et reportées pendant des mois. "La prothèse de hanche, à côté d'un patient qui a une tumeur, bien sûr que ce n'est pas une urgence, explique Véronique Molina. Maintenant, les gens nous disent à chaque fois : 'J'espère que ce sera bon.' Le patient que j'avais opéré hier avait été annulé deux fois. Il était très content de venir se faire opérer, parce qu'il a eu l'impression d'avoir tellement attendu. Je devais l'opérer en avril 2020, donc il a attendu quand même un peu plus d'un an."
"Il ne faut oublier personne"
"Les secrétaires médicales ont eu un gros travail de déprogrammation et de reprogrammation, indique la chirurgienne. Il ne faut 'oublier' personne." Il faut rattraper le retard accumulé depuis plus d'un an, mais sans possibilité d'accélérer le rythme, explique le professeur Charles Court, chef du service : "On n'a pas les capacités d'opérer plus, puisque tout est tributaire du personnel. Donc on n'a pas suffisamment de personnel pour faire travailler beaucoup plus les blocs opératoires, faire tourner plus les salles opératoires." Les chirurgiens estiment qu'ils auront réussi à rattraper le retard d'ici trois à quatre mois, s'il n'y a pas de quatrième vague de Covid d'ici là, assurent-ils.
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