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Covid-19 : à quoi faut-il s'attendre pour les prochains stades de l'épidémie évoqués par le gouvernement ?

Le chef du gouvernement a évoqué, jeudi, une "stratégie" articulée autour de "trois stades", qui appellent "des réponses différentes et adaptées". La France est passée au deuxième stade, vendredi soir.

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre, Edouard Philippe, s'exprime à Matignon, à Paris, le 27 février 2020, aux côtés du ministre de la Santé, Olivier Véran. (BIHOREAU MAXIME/SIPA)

"Avec les médecins, nous avons défini une stratégie qui s'adapte selon les trois stades qu'on peut anticiper pour ce genre de risque." Face à la multiplication des cas de coronavirus Covid-19 en métropole, le gouvernement affine son plan de bataille. "Je veux rassurer les Français : le passage d'un stade à l'autre ne doit pas les inquiéter", mais "chaque stade appelle des réponses différentes et adaptées", a déclaré le Premier ministre Edouard Philippe, jeudi. La France est entrée dans le deuxième stade, vendredi 28 février, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran.

A quoi correspondent ces paliers ? Ils figurent dans le plan du gouvernement relatif au coronavirus, qui n'est pas public. Matignon précise toutefois à franceinfo que "les stades sont identiques au plan de pandémie grippale" élaboré et diffusé par le gouvernement en 2011 après la pandémie de grippe A (H1N1) de 2009.

Extrait du plan national de prévention et de lutte "pandémie grippale" publié en octobre 2011 par le gouvernement. (GOUVERNEMENT.FR)

Premier stade : le virus arrive dans le pays

Ce qu'a dit Edouard Philippe : "Le premier stade, c'est celui dans lequel nous sommes encore. Le virus n'est pas en circulation générale dans la population, comme c'est le cas par exemple pendant une épidémie de grippe. Nous mettons tout en œuvre pour le bloquer, pour traiter très vite les cas isolés, qui sont majoritairement des cas en provenance des zones touchées dans le monde. C'est ce que nous avons fait, il y a quelques semaines, aux Contamines-Montjoie [en Haute-Savoie], avec succès, en prenant des mesures d'isolement, de confinement, d'hospitalisation, et en l'occurrence des mesures parfois fermes."

Ce que prévoit le plan de pandémie grippale : A ce stade, l'objectif est de "freiner l'introduction du virus sur le territoire". La priorité est de détecter de manière précoce les premiers cas arrivant dans le pays, notamment par un "contrôle sanitaire aux frontières" (prise en charge des cas suspects, mises en quarantaine, suspension des liaisons aériennes...).

Sur le terrain, il convient d'enquêter sur les cas suspects et d'identifier les "sujets contacts" ayant eu un contact avec un malade. Des "mesures barrières" telles que la fermeture préventive de classes ou d'établissements isolés peuvent être prises. Cela a été le cas aux Contamines-Montjoie et dans les environs, où trois écoles ont été fermées pendant une dizaine de jours.

Des personnes viennent se faire dépister, le 9 février 2020, aux Contamines-Montjoie (Haute-Savoie). (ANABELLE GALLOTTI / FRANCE BLEU PAYS DE SAVOIE / RADIO FRANCE)

Dans le même temps, les laboratoires doivent s'organiser pour détecter les cas. Les autorités sont chargées de constituer des stocks de produits de santé et de sécuriser les lieux de production et de stockage. Le grand public doit être sensibilisé au risque épidémique, notamment par l'activation de plateformes d'information.

Deuxième stade : le virus se propage

Ce qu'a dit Edouard Philippe : "Le deuxième stade, nous y serons si nous voyons apparaître, en plusieurs points du territoire national, des grappes de cas –les spécialistes appellent cela des clusters. C'est ce qui se passe aujourd'hui dans certaines zones d'Italie du Nord. Dans ce cas, il faut isoler les clusters et prendre des décisions fortes pour éviter ou en tout cas pour retarder la propagation."

Ce que prévoit le plan de pandémie grippale : Une fois que le virus circule sur le territoire et que se développent des cas autochtones, "il s'agit de ralentir sa propagation, notamment pour gagner le temps nécessaire à la montée en puissance du système sanitaire ou à la préparation d'un vaccin".

Les mesures précédentes continuent de s'appliquer, avec certaines évolutions. Les fermetures de crèches ou d'établissements scolaires peuvent désormais être envisagées à l'échelle territoriale, voire nationale. Des restrictions de visites peuvent être imposées dans les maisons de retraite et les structures accueillant les mineurs peuvent être fermées. Le plan envisage également un appel à limiter ses déplacements, la suspension de certains transports en commun et la restriction des grands rassemblements (spectacles, rencontres sportives, foires, salons...).

Un match de Ligue Europa se déroule à huis clos en raison de craintes de propagation du coronavirus Covid-19, le 27 février 2020, à Milan (Italie). (REUTERS)

Enfin, le plan précise qu'"il convient d'économiser les personnels et les moyens, afin de conserver un potentiel pour l'étape très exigeante" du troisième stade. C'est en ce sens qu'Edouard Philippe a "déconseillé", jeudi, de se ruer sur les masques de protection respiratoire : "C'est ce genre de comportement qui risque de créer la pénurie, alors même que des populations pourront, le moment venu, en avoir besoin."

Troisième stade : l'épidémie est déclarée

Ce qu'a dit Edouard Philippe : "Le stade 3 correspond à l'épidémie proprement dite, lorsque le virus circule largement dans la population. (...) Le président l'a dit : l'épidémie, et donc le stade 3, est probable."

Ce que prévoit le plan de pandémie grippale : Ce stade, qui dure de huit à douze semaines, débute avec l'augmentation rapide du nombre de cas. La priorité est d'"atténuer les effets de la vague" épidémique. En plus des mesures prévues aux deux premiers stades, il s'agit de mobiliser du "renfort en personnels de santé". "La saturation du système sanitaire peut intervenir très vite", prévient le document.

En cas de saturation des moyens sanitaires, des priorités de traitement devront être appliquées.

Plan de pandémie grippale

La continuité des missions de service public passe également par du "renfort en personnels dans les domaines non sanitaires" et une "montée en puissance de la gendarmerie nationale et de la police nationale". La solidarité nationale est mobilisée, notamment par le recours au bénévolat et aux associations.

Sur le plan social et économique, il est question de plans de continuité d'activité, de chômage partiel et de "solutions permettant d'assurer la continuité pédagogique" pour les élèves. Les autorités doivent surveiller les prix, s'assurer de la disponibilité des produits et garantir le maintien des secteurs d'activités d'importance vitale.

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