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Coronavirus : "Se raconter des histoires, c’est tenter de soigner l’âme rendu malade par le spectacle de l’épidémie"

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Article rédigé par franceinfo
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Adeline Lionetto, maître de conférences en littérature française à la Sorbonne, évoque dans le 23h de franceinfo, lundi 23 mars, les grandes épidémies racontées dans les livres. Premier épisode avec "Le Décaméron" de Boccace.

"Les épidémies constituent une expérience existentielle limite, traumatique qui ne peut que s’imposer aux écrivains qui en ont été les contemporains. Raconter ce qui s’est passé est leur manière d’exorciser leur traumatisme personnel et collectif, mais aussi une occasion d’identifier les causes à l’origine de l’épidémie", explique Adeline Lionetto, maître de conférences en littérature française à la Sorbonne, à Paris.

"L'égoïsme concourt à démultiplier les victimes"

"Boccace, auteur italien du XIVe siècle contemporain de Pétrarque et grand admirateur de Dante, a vécu la grande peste de 1348 à Florence. Pour lui, chrétien, la peste est d’abord un châtiment divin. Il va ensuite analyser la part humaine à l’oeuvre dans ce mécanisme meurtrier. Avec la peste, la société se désagrège, l'égoïsme prend le pas sur la solidarité et cela concourt à démultiplier le nombre de victimes", raconte-t-elle.

"L’épidémie est aussi une aubaine littéraire. Le livre Le Décaméron, c’est la rencontre de dix personnages qui se réfugient dans une villa luxueuse de la campagne toscane et se content chacun à leur tour des histoires pour s’occuper. Boccace décrit notamment une scène avec des cochons jouant avec des vêtements ayant appartenu à des morts de la peste qui meurent ensuite rapidement", décrit Adeline Lionetto. Et de conclure : "Se raconter des histoires, c’est tenter de soigner l’âme rendue malade par le spectacle de l’épidémie, c’est lutter contre le chagrin, la mélancolie".

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