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Coronavirus : l'Italie "se retrouve dans la pire des situations", selon l'économiste Frédéric Bizard

15 milllions de personne sont en quarantaine pour cause d'épidémie galopante de Covid-19 ce qui représente "plus de 50% du PIB italien", explique le spécialiste.

Article rédigé par franceinfo
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Une pharmacienne confinée de Castiglione d'Adda en Italie vend les médicaments par la fenêtre de l'officine. (PHILIPPE DE POULPIQUET / MAXPPP)

L'Italie, qui a mis un quart de sa population en quarantaine pour cause de coronavirus Covid-19, "se retrouve dans la pire des situations concernant l'impact économique", analyse lundi 9 mars sur franceinfo l'économiste Frédéric Bizard, spécialiste des questions de protection sociale et de santé, et président de l'Institut Santé. Les mesures de confinement, valables jusqu'au 3 avril, couvrent une vaste zone dans le nord du pays allant de Milan, la capitale économique, à Venise, haut lieu du tourisme mondial. "Vous avez une mise sous quarantaine de 15 millions de personnes, alors que ces 15 millions de personnes représentent plus de 50% du PIB italien. C'est assez catastrophique", a souligné Frédéric Bizard.

franceinfo : Cette épidémie dévoile-t-elle un système de santé qui tirait déjà la langue en Italie ?

Frédéric Bizard : Le système italien a eu un petit peu de retard à l'allumage concernant l'endiguement de cette épidémie.

Il faut savoir que depuis la loi de 1999, le système italien est régionalisé. La Lombardie et la Vénétie, qui ont été les premières touchées, ont réagi par elles-mêmes avec leur propre stratégie et n'ont pas réussi à endiguer la contamination

Frédéric Bizard, économiste

à franceinfo

Aujourd'hui, l'Italie fait face à une flambée de l'épidémie, beaucoup plus rapide que l'ensemble des autres pays européens. Et en effet, le système de santé ne peut pas faire face au nombre de patients qui arrivent. On se retrouve donc dans la pire des situations concernant l'impact économique : vous avez une mise sous quarantaine de 15 millions de personnes, alors que ces 15 millions de personnes représentent plus de 50% du PIB italien. C'est assez catastrophique sur le plan de l'impact économique.

Le système de santé italien souffre-t-il d'un problème financier ?

Non, quand on regarde les classements, le système de santé italien fait partie des meilleurs systèmes de santé au monde. Sauf que, manifestement, le système de santé n'était pas prêt pour une gestion de l'épidémie. C'est vrai que les dépenses en Italie sont près de deux points de PIB inférieures aux dépenses de la France, mais en temps normal, ça suffisait. Le système de santé italien peut faire face aux besoins ordinaires, mais pas face aux besoins extraordinaires, manifestement.

La contamination du sud de l'Italie est-il inéluctable ?

Oui, bien sûr, c'est comme en France, elle est inévitable. Le virus est en train se propager sur l'ensemble du territoire. Mais ce qu'on essaie de faire, c'est d'en limiter l'ampleur, en retardant le plus possible cette contagion. À partir du moment où vous réussissez à limiter le nombre de personnes contaminées, vous n'empêchez pas le virus de circuler, mais vous en diminuez sa capacité de propagation et donc vous limitez le nombre de cas graves. Et cela vous permet d'avoir un système de santé qui réussit à y faire face. Là, le problème dans les régions du nord de l'Italie, c'est que la flambée a été trop rapide et on n'a pas réussi à endiguer la contamination. C'est donc la solution de dernier ressort qui a été prise, celle qu'on essaie absolument d'éviter parce que sinon vous mettez l'économie à genoux, qui est de confiner l'ensemble de la population.

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