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Coronavirus : "L'ambiance est assez fébrile" à Rome, témoigne une journaliste française sur place

Rues désertes, sorties autorisées si justifiées... Les Romains en quarantaine "se rendent compte que la situation est quand même grave", témoigne Marine Henriot. "Chacun essaie de respecter les consignes". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
La rue del Corso désertée à Rome pour cause de coronavirus, le 10 mars 2020. Le gouvernement italien a pris des mesures de confinement très strictes pour tenter d'enrayer l'épidémie. (TIZIANA FABI / AFP)

"Mes colocataires ne sortent pas. Les gens arrêtent de sortir si ce n'est pas une sortie nécessaire. L'ambiance est assez fébrile", témoigne sur franceinfo Marine Henriot, journaliste française qui vit à Rome depuis trois ans, alors que le coronavirus a déjà fait 631 morts en Italie. Le pays a mis en place des mesures de restrictions pour endiguer cette épidémie. Marine Henriot décrit des rues désertes et étrangement silencieuses. "Tout est fait pour que les gens restent à la maison, dit-elle. Et même si on voulait sortir on n'a plus le choix puisque tout est fermé".

franceinfo : À quoi ressemble votre quotidien dans une ville comme Rome ?

Marine Henriot : Par exemple, je suis dans la rue pour aller au travail, parce que je me rends encore au travail, c'est très vide, il n'y a pas le klaxon des voitures. Normalement il y en a toujours à Rome, c'est donc étrange. Il y a beaucoup de magasins qui ont fermé jusqu'au trois avril.

On doit respecter un mètre de sécurité quand on se croise avec les autres personnes dans la rue.

Marine Henriot, journaliste française qui vit à Rome

à franceinfo

Chacun dévie un peu du trottoir pour respecter cette distance. Je peux encore aller au travail même si on est en train de prendre des mesures pour mettre en place le télétravail. Au bureau, Il y a des mesures qui sont prises comme par exemple, une personne dans l'ascenseur, les réunions sont annulées. Normalement on doit sortir avec une auto-certification qui est une sorte de laissez-passer qui explique où on se rend et pourquoi on s'y rend. Les déplacements autorisés, c'est travail/maison, maison/supermarché, maison/médecin.

Est-ce que c'est contrôlé ?

Je n'ai pas encore été contrôlé. On sait qu'en Lombardie il y a eu des contrôles. Hier [mardi] il y avait une file de 30 mètres de long devant le supermarché à 20h. C'est un supermarché ouvert 24/24. Les clients y entrent petit à petit. Au sol, il y a des scotches qui ont été posés pour la file d'attente au rayon charcuterie pour que chaque personne respecte un mètre de distance avec l'autre.

Pour l'instant il y a encore des produits dans les supermarchés.  À chacun de ne pas vider les rayons pour qu'on puisse tenir sur la longueur. Pour l'instant ça va.

Marine Henriot

On nous a incités à ne pas faire trop de réserves. Il faut nous-mêmes rester calmes et ne pas aller vider les rayons pour que les supermarchés ne soient pas rationnés. Sinon ça ne tiendra plus.

La vie le soir, comment ça se passe ?

Hier [mardi] je suis sortie à 19 heures du travail. Tous les restaurants, les bars doivent fermer à 18 heures. Ça ressemble à une ville morte. On ne croise quasiment plus personne sauf les gens comme moi qui rentre du travail ou des gens qui vont promener leurs chiens.

Il n'y a plus de terrasses, il n'y a plus de restaurants ouverts, les bus sont vides.

Marine Henriot

On croise quelques voitures. Tout est fait pour que les gens restent à la maison. Et même si on voulait sortir on n'a plus le choix puisque tout est fermé.

Selon vous, le confinement a l'air respecté selon vous ?

On pourrait dire que le confinement a l'air respecté. On a l'impression que les gens se rendent compte que la situation est quand même grave. Chacun essaie de respecter les consignes. Les autorités mettent la pression pour qu'on les respecte. Mes colocataires ne sortent pas. Les gens arrêtent de sortir si ce n'est pas une sortie nécessaire. L'ambiance est assez fébrile. 90% des gens ont des masques éventuellement des gants. Les commerçants sont très inquiets. Les conséquences sont déjà là. Les gens qui ont fermé leurs commerces, ça va être très compliqué pour eux sur tout le reste de l'année de refaire leurs chiffres d'affaires. Il faut être ni fataliste, ni alarmiste et s'adapter. Les gens sont inquiets, mais il y a déjà une résilience. Moi ça va, je n'ai pas de symptômes, je ne suis pas malade, je respecte ce qu'on me dit de faire. Je suis un peu inquiète pour l'économie italienne.

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