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Coronavirus : "Il faut que la population se réveille", "chacun va être un acteur de cette guerre", estime le Pr Druais

Le professeur Pierre-Louis Druais est membre du comité scientifique qu'Emmanuel Macron a consulté avant d'annoncer des mesures contre l'épidémie de Covid-19.

Article rédigé par franceinfo
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Pierre Louis Druais professeur de médecine générale, membre du comité scientifique consulté par Emmanuel Macron sur l'épidémie de coronavirus (illustration, photo du 27 septembre 2016). (LEON TANGUY / MAXPPP)

Le professeur Pierre-Louis Druais est membre du comité scientifique qu'Emmanuel Macron a consulté avant d'annoncer notamment la fermeture de tous les établissements scolaires. "On considérait que le pays était endormi face à ce coronavirus, explique-t-il vendredi 13 mars sur franceinfo pour justifier ces mesures. Il faut que la population se réveille (…) et soit consciente que chacun va être un acteur de cette guerre contre le coronavirus". L'objectif des mesures annoncées jeudi soir est de "réduire la puissance et le pic de l'épidémie dans le temps", a expliqué le médecin qui rapelle que "toutes les classes d'âge de la population" peuvent être touchées par le coronavirus, y compris les jeunes pour lesquels il y a "des facteurs péjoratifs" comme "l'obésité".

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franceinfo : Est-ce vous qui avez demandé au chef de l'État la fermeture des écoles et au vu de quels éléments ?

Pr Druais : La fermeture des écoles s'avère être une mesure parmi d'autres. Il faut comprendre que toutes les mesures qui sont proposées ne sont efficaces que si elles sont mises en place en même temps. C'est-à-dire que ce sont plusieurs mesures qui provoquent une réaction sur un but unique qui est de réduire la puissance et le pic de l'épidémie dans le temps.

La problématique la plus grave du coronavirus, c'est que 2% de la population atteinte va nécessiter des soins de réanimation et avec un suivi sur une longue durée, puisqu'on peut considérer qu'une hospitalisation sera d'environ trois semaines.

Pr Druais, membre du comité scientifique qu'Emmanuel Macron a consulté

à franceinfo

En laissant les enfants à la maison, on réduit donc la propagation du virus. Mais sait-on dans quelle proportion ?

Des modèles ont permis de regarder quelle est la proportion. Mais quand on est sur un modèle hypothétique, qui est un modèle mathématique, on n'est jamais sûrs de rien. Mais ce dont on est certain, c'est que le fait de mettre en œuvre toutes ces mesures va faire baisser le pic. De combien ? Ce n'est même pas notre question. On considérait, si vous voulez, que le pays était endormi face à ce coronavirus. Il faut que la population se réveille, soit active, en prenant les mesures barrières, de les respecter au maximum, d'être consciente que chacun va être un acteur de cette guerre contre le coronavirus.

Les connaissances sur ce coronavirus sont-elles en train de progresser ? On a beaucoup dit qu'il touchait principalement les personnes âgées ou fragiles. Est-ce toujours le cas ?

Cela touche toutes les classes d'âge de la population. Majoritairement les personnes qui sont fragiles, qui ont des comorbidités, c’est-à-dire qu'ils ont des maladies associées, par exemple être diabétiques, avoir une insuffisance cardiaque, avec des antécédents de pathologie pulmonaires, par exemple. Et parmi les jeunes, on a noté qu'il y avait des facteurs qui étaient péjoratifs sur les sujets qui ont, par exemple, à gérer une obésité.

La question d'une fermeture des transports s'est-elle posée  ?

Nous avons analysé toutes les situations, parce que le rôle de ce conseil scientifique c'est d'utiliser les données et les connaissances que l'on a à tous les étages. Et effectivement, le président de la République nous a interrogés sur les transports et sur les élections municipales. Sur les transports, on a considéré qu'il y avait un équilibre à trouver entre le fait qu'il faut que ces transports continuent de fonctionner, ne serait-ce que parce qu'on a besoin que les gens bougent pour soigner la population, tout en prenant là aussi des mesures barrières. Il faut qu'aujourd'hui le citoyen qui prend un transport n'ait pas une vigilance parce qu'il va avoir peur de l'autre, mais parce qu'il doit participer à mettre en place les mesures barrières qui vont empêcher le coronavirus de se propager.

Et sur les élections municipales ?

Nous avons analysé les données scientifiques et nous n'avons absolument aucun argument scientifique qui fait que l'on puisse proposer d'annuler les élections. Vous allez me dire que c'est paradoxal car on dit que la population de plus de 70 ans doit être confinée. Mais là, on est sur une réflexion sur deux niveaux. Le premier niveau, c'est dimanche.

Ce dimanche, on sait qu'on n'est pas encore dans une montée en puissance majeure du coronavirus. Dans une semaine [pour le second tour], la montée aura effectivement eu lieu.

Pr Druais

Mais il nous semblait raisonnable de penser qu'il y a encore une solution : là encore, il va falloir que des mesures soient prises pour que les personnes à risque, pour que les personnes de plus de 70 ans n'aient pas à stagner dans des files.

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