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''Si on n'est pas aidés à court terme, on est amenés à disparaître'': les producteurs de fleurs désemparés face au confinement

À cause du confinement, les producteurs de fleurs peinent à écouler leurs stocks. Pour éviter de devoir tout jeter, un producteur d’Angers a décidé d’offrir des centaines de bouquets au personnel de l’hôpital voisin.

Article rédigé par Alain Gastal
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Guillaume Froger devant quelques unes des milliers de fleurs qu'il doit jeter chaque jour. (ALAIN GASTAL / RADIO FRANCE)

Pour les producteurs de fleurs, avec le confinement lié à la crise sanitaire du coronavirus Covid-19, c'est la double peine : ils ne peuvent plus écouler leurs stocks car tous leurs points de vente sont fermés mais doivent continuer à travailler car la nature, elle, ne s'est pas confinée et les fleurs continuent de pousser. Aussi, pour éviter qu'elles finissent toutes à la poubelle, un producteur d’Angers, dans le Maine-et-Loire, a décidé d’offrir des centaines de bouquets au personnel de l’hôpital.

''On s'est dit que ça ferait plaisir aux soignants''

''On a des problèmes ici, explique ainsi Guillaume Froger, mais on sait aussi très bien que partout autour de nous, les soignants sont aussi dans la difficulté, donc on essaie de se soutenir tous ensemble pour que ça aille un peu mieux dans les jours qui viennent.'' ''Merci infiniment, lui répond une salariée de l’hôpital. Parce que ça a permis de mettre un peu de joie et de rire, on a du personnel masculin qui est rentré chez lui avec un bouquet de fleurs, donc on s'est dit que ça ferait plaisir aux soignants et aux conjoints des soignants !'' 

Des centaines de bouquets de roses qui vont donc mettre un peu de couleur à l'hôpital. Mais le sourire du producteur de fleurs Guillaume Froger est un peu amer. Il est obligé d'entretenir et de chauffer ses serres comme si de rien n'était mais il lui est impossible d'écouler ses bouquets chez les fleuristes ou dans les rayons des hypermarchés ou des jardineries, tous fermés.

''Tous les jours, explique-t-il, nos plantes ont besoin d'avoir des soins. Surveiller un excès d'eau ou un manque d'eau ou si elles n'ont pas eu trop froid ou trop chaud. Donc on ne peut pas fermer le 1er novembre 2020 et revenir le 1er décembre 2020. Parce que là, c'est fini, il n'y a plus rien.''

On récolte tous les jours entre quinze et vingt mille fleurs. Et aujourd'hui, tout ça part à la benne.

Guillaume Froger

à franceinfo

À la benne ou en distribution gratuite, car le ''click and collect'' ne peut absorber qu'une part infime de la production. Impossible aussi de mettre les 40 salariés au chômage partiel. Résultat : des pertes colossales qui vont s'ajouter à celles du premier confinement. ''Pour l'instant, on a perdu 800 000 euros et on a reçu zéro. On repart pour un deuxième confinement qui risque de nous coûter encore plus cher. On n'est pas des magiciens ! Je n'ai pas une planche à billets dans le fond de mon garage et si on n'est pas aidés à court terme, on est amenés à disparaître, c'est évident.''

Les producteurs demandent au gouvernement de revoir sa copie en donnant aux fleurs le même statut périssable que les fruits et légumes. En attendant, ils pincent les roses pour qu'elles arrivent à maturité avant Noël et croisent les doigts pour que tout soit rouvert bien avant les fêtes de fin d'année.

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