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Des jouets vendus en grande surface grâce au "click and collect", les petits commerces scandalisés

Alors que les rayons des jouets sont condamnés dans les grandes surfaces, certains magasins font des entorses à la règle en contournant le click and collect... à leur façon.

Article rédigé par franceinfo - Boris Loumagne, édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un adolescent dans un rayon jouets d'un supermarché en Gironde, le 4 novembre 2020. Photo d'illustration. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

À l'approche de Noël, certaines enseignes ne reculent devant rien pour vendre leurs jouets. Dans cette grande surface de région parisienne, on a une définition bien personnelle du "click and collect" durant le confinement. Ici, les rayons de jouets, considérés comme produits non essentiels, sont barrés de grands rubans de signalisation, des petites affichettes "sens interdit" sont également placardées. Et pourtant, une dizaine de clients se servent. Comment est-ce possible ? "Si vous trouvez un jouet qui vous intéresse, vous avez juste à me le ramener, je vous fais un bon de commande, vous passez en caisse après", répond un vendeur.

On peut donc se servir dans des rayons condamnés, ce qui est strictement interdit. Une fois le jouet choisi, il suffit de retourner le voir, et en quelques clics, il réalise le "click and collect" lui-même. Il commande sur Internet le jouet que vous avez dans les mains. Cela ne contourne-t-il pas un peu la loi ? "C'est un peu ça, confie-t-il, embarrassé. Bon, après, tout le monde pratique ça..." En caisse, aucun problème, et sur le parking, nombreux sont les clients avec des jouets dans le chariot, comme cette mère de famille qui a commandé une poupée pour ses enfants : "De toute façon, vous commandez sur Internet, ça revient au même."

Colère des petits commerces

Ce n'est pas ce que pensent les spécialistes du jouet. Eux, leurs magasins sont fermés au public. Jean-Michel Grumberg, le président de La Grande Récré, forcément en colère quand il découvre les pratiques de ses concurrents. "C'est évidemment difficile à comprendre parce que nous, nous respectons toutes les règles, confie-t-il, et on voit effectivement des responsables de magasins de très, très gros magasins qui ont déjà des flux de clients importants sur d'autres activités et qui profitent d'une certaine façon pour faire des ventes de jouets."

"Moi, je suis scandalisé, mais on a l'habitude avec la grande distribution, ils imposent leur diktat, et puis, l'État, qui est un État faible actuellement, ne sévit pas, ne fait rien", s'agace sur franceinfo Christian Baulmes, président de La Ronde des quartiers, une association de commerçants du centre ville de Bordeaux, et président également de l'Association Commerçants et artisans des métropoles de France. "Il n'y a aucun contrôle, nulle part, la grande distribution fait ce qu'elle veut et personne ne dit rien !"

"Je pense que l'État doit donner des exemples très forts et prononcer des fermetures administratives. Ça suffit !"

Christian Baulmes, président de l'association Commerçants et artisans des métropoles de France

à franceinfo

À quelques semaines de Noël, Christian Baulmes l'assure : "On ne le peut pas, en cinq semaines, écouler ce qu'on fait en dix semaines, c'est impossible". Il réclame la réouverture des petits commerces. De son côté, l'enseigne propriétaire de l'hypermarché parle d'un dysfonctionnement propre à ce magasin.

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