Covid-19 : "C’est assez difficile d’être optimiste" avec ce "confinement sans confinement", estime le médecin Jérôme Marty
Le nouveau confinement mis en place depuis samedi 20 mars dans une partie de la France est une "demi-mesure", selon Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre.
"C’est assez difficile d’être optimiste" à propos des semaines à venir, a estimé le médecin généraliste Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre, samedi 20 mars sur franceinfo. Depuis samedi matin, environ un tiers des Français sont à nouveau confinés dans le but de lutter contre la propagation du Covid-19, mais il s'agit d'un confinement allégé par rapport aux deux précédents.
franceinfo : Êtes-vous optimiste concernant les prochaines semaines ?
Jérôme Marty : On va se parler clairement : c’est assez difficile d’être optimiste. On a l'impression, nous soignants, que tout n'est pas véritablement mis en œuvre. On a vu les errances de communication du gouvernement avec les dernières mesures qui ont été prises : cette espèce de confinement sans confinement, cette demi-mesure, ce fait de rester au milieu du gué où on a peur de s'y noyer à force. Là où je suis optimiste, c'est que je sais quelle est la valeur de nos soignants. Je sais aussi quelle est leur fatigue. J'estime qu'il faut les respecter plus que tout et leur donner les moyens de soigner encore, toujours.
Fallait-il un confinement plus strict à vos yeux ? Celui qui a été annoncé jeudi dernier sera-t-il suffisant pour être efficace ?
Je n'ai qu'un espoir, c'est qu'il le soit, efficace. Ce que je sais, c'est qu'on a un fusil à un coup, qu’on ne peut pas se permettre de manquer la cible et j'espère de toutes mes forces qu'on ne manquera pas cette cible parce que sinon, ça va être dramatique.
Dans le département de l'Eure qui est confiné, il y a un flux de population dans la partie qui touche l’Ile-de-France, mais de l'autre côté, vers Pont-Audemer et ces régions plutôt rurales, les gens ne comprennent pas pourquoi on les confine ?
C'est pour ça que, quand on a choisi la territorialisation, et c'est une bonne chose, il faut être capable de rajouter des mesures partout où il le faut et être capable de lever les mesures partout où il le faut également. Or, on n'a pas levé les mesures dans des départements où ça ne circule que très peu, voire pas du tout. Allez expliquer à quelqu'un qui est en zone rurale ou semi-rurale pourquoi il a un couvre-feu à 18 ou 19 heures : ça ne rime à rien. Surtout, cela donnerait une pensée positiviste. Je veux dire par là que si on est capable de voir qu'il y a des zones où les barrières se lèvent, où l'on reprend une vie entre guillemets plus normale, cela donne l'envie aux gens de précipiter les choses en respectant les gestes barrières plus que tout, pour arriver à être dans la même position que ces zones-là. Cela veut dire qu'on remplit le contrat et que le gouvernement, lui aussi, respecte son contrat.
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