Coronavirus : "On a tous besoin de souffler un peu, (…) faire des repas ensemble en plein air ne pose, à mon avis, pas de problème"
Toutes les zones en France ne sont pas égales en termes de circulation du virus, estime le Dr Olivier Rogeaux, infectiologue au Centre hospitalier Métropole Savoie Chambéry.
"On a tous besoin de souffler un peu, (…) faire des repas ensemble en plein air ne pose, à mon avis, pas de problème" pendant cet été, assure le Dr Olivier Rogeaux, infectiologue au Centre hospitalier Métropole Savoie Chambéry, dimanche 5 juillet sur franceinfo, premier week-end des longues vacances d'été après la crise du coronavirus.
franceinfo : Devons-nous nous inquiéter de l'existence de clusters sur le territoire français ?
Dr Olivier Rogeaux. Non. Ça nous montre que le système de surveillance actuellement est efficace. Maintenant le dépistage se fait bien et surtout le contact tracing derrière nous permet de dépister des cas chez des gens proches, en particulier non-symptomatiques, et ça, c'est important, parce que ces gens-là, s'ils n'avaient pas été dépistés, pourraient être sources de transmission à d'autres personnes. Donc, il faut être extrêmement vigilant pour dépister tous les cas symptomatiques et leurs personnes contacts, ce qui nous permet de contrôler, au moins pour l'instant, l'épidémie en France. Il y a peut-être aussi un facteur climatique puisque l'été, on le sait, est une période moins propice à la diffusion des virus. Dépister plus n'est pas forcément utile si l'épidémie circule peu. Ce qui est vraiment important, c'est qu'on puisse dépister vite, surtout. Il faut vraiment qu'on continue à ne pas oublier que ce virus est un virus grave et qu'au moindre signe de difficultés respiratoires, de fièvre, de syndromes pseudo-grippaux avec des courbatures importantes, il faut absolument immédiatement contacter son médecin pour faire un test.
L'hôpital de Chambéry accueille-t-il de nouveaux malades infectés par le Covid-19 ?
On voit arriver de nouveaux patients de façon très faible et on s'aperçoit que quand on a de nouveaux patients, c'est extrêmement intéressant de dépister autour. Encore récemment, on a dépisté positifs des gens totalement asymptomatiques parmi les membres de la famille d'un malade, et si on n'avait pas eu cette stratégie, ces gens-là se seraient promenés avec le virus sans le savoir. Le mode de transmission n'est pas toujours très clair, c'est pour ça qu'il faut vraiment rester vigilant là-dessus. (…) On a beaucoup moins de personnes en réanimation.
On a observé un certain relâchement dans les gestes barrières. Faut-il continuer à être prudent cet été ?
Clairement, oui, parce que cet été va être source de brassage de population, de zones géographiques différentes. Toutes les zones en France ne sont pas égales en termes de circulation du virus. On peut voyager dans une zone où il y a un cluster en cours. Donc je crois qu'aujourd'hui, ce qu'il faut faire passer comme message, c'est que ces gestes barrières, il va falloir vivre avec pendant une longue durée et il faut qu'on apprenne à vivre avec ce virus. On n'est plus dans des mesures barrières extrêmes. Elles ont été allégées dans les écoles. Les visites sont de nouveau autorisées dans les Ehpad, ce qui est vraiment une bonne chose. Mais ce n'est pas pour ça qu'il faut perdre sa vigilance et les mesures fondamentales. Il faut porter le masque dans les lieux confinés, dans les magasins, dans les lieux où il peut y avoir du public. C'est beaucoup plus utile qu'en plein air, où le risque de transmission est beaucoup plus faible. (…) On a tous besoin de souffler un peu. On a besoin de se retrouver un petit peu en famille, donc je pense qu'il ne faut pas être extrémiste. Mais par contre, pour les personnes fragiles comme les personnes âgées, je pense qu'il faut vraiment garder ces mesures et éviter les franches embrassades. Par contre, faire des repas ensemble en plein air ne pose, à mon avis, pas de problème.
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