Confinement : "Le gouvernement n'avait pas d'autre choix que de maintenir les mesures en vigueur", selon le professeur Alain Fischer
Pédiatre et immunologiste, le professeur comprend que les établissements scolaires restent ouverts. "C'est un compromis et comme toujours, un compromis a quelques inconvénients", reconnaît-il, plaidant que le risque est "inférieur aux risques que seraient les conséquences de réduire la scolarité".
"Je pense que le gouvernement n'avait pas d'autre choix que de maintenir les mesures de confinement en vigueur", a déclaré vendredi 13 novembre sur franceinfo le professeur Alain Fischer, pédiatre et immunologiste, membre du Comité Vaccin Covid-19 et professeur honoraire au Collège de France. Il réagissait au maintien des règles du confinement pour au moins 15 jours encore annoncé jeudi soir par le Premier ministre Jean Castex.
franceinfo : Est-ce que cette décision du gouvernement vous semble être le bon choix ?
Alain Fischer : Je pense que oui. Sans être un spécialiste complet de cette affaire, selon tous les critères, il y a encore une circulation virale trop importante : le nombre de cas diagnostiqués chaque jour, le nombre de malades hospitalisés, le nombre de malades en réanimation et malheureusement aussi, les décès, et ceci à travers toute la France, même s'il y a une certaine hétérogénéité. Donc, je pense que le gouvernement n'avait pas d'autre choix que de maintenir les mesures de confinement en vigueur.
Ce qui a surpris hier, c'est l'absence de mesures supplémentaires pour les collèges et les lycées, alors même que le taux d'incidence continue de grimper chez les jeunes. Est ce qu'il aurait fallu durcir les règles pour ces établissements, notamment dans les collèges ?
C'est une affaire délicate parce que, d'un côté, il y a toutes les mesures qui peuvent éviter la propagation du virus, mais de l'autre, il y a la nécessité impérieuse de maintenir une scolarité de niveau adéquate et régulière pour les enfants et en particulier, bien sûr, pour les petits et les collégiens. Donc, c'est un compromis et comme toujours, un compromis a quelques inconvénients. Mais je pense que c'est raisonnable de maintenir ces règles. À ma connaissance, il y a des mesures qui sont prises : nettoyage, aération des classes, port du masque. Mais la situation absolument sans risque, ce n'est pas possible. Je pense toutefois que ce risque est limité et inférieur aux risques que seraient les conséquences de réduire la scolarité des enfants dans les collèges par exemple.
En regardant la courbe d'incidence, on voit qu'elle continue de monter pour les 0-9 ans et pour les 10-19 ans. Comment interpréter cela ? Est-ce que les jeunes se sont contaminés chez eux pendant les vacances scolaires ou est-ce que c'est la preuve que les jeunes étaient en train de se contaminer à l'école la semaine précédant les vacances ?
Je n'ai pas la réponse à cette question. Il y a certes une augmentation, mais néanmoins, si on regarde en proportion de l'ensemble des personnes chez lesquelles un diagnostic est porté, elle reste relativement minoritaire.
Même si la courbe d'augmentation est parallèle, ces enfants vivent dans la société et peuvent se contaminer avec et par les adultes. Mais encore une fois, cela reste un niveau relativement faible.
Professeur Alain Fischer, pédiatre et immunologisteà franceinfo
Et puis, on sait que leur capacité à infecter les adultes, et en particulier les personnes âgées - c'est là que le problème est le plus important - sans être nul, est quand même plus faible, comparé à la contamination à partir d'un adulte infecté.
Vous êtes membre du comité vaccin Covid-19, comment réagissez-vous face à la méfiance de certains Français à se faire vacciner contre le virus quand ce sera possible ? Est-ce que ça vous inquiète ?
Elle m'inquiète, mais il faut la relativiser parce que nous ne sommes pas encore aujourd'hui au début des campagnes de vaccination. On a entendu cette semaine des tout premiers résultats encourageants. Ces résultats ont besoin d'être confirmés et complétés par des informations : la durée de la protection, la durée en ce qui concerne la sécurité du vaccin, le fait de savoir si ces vaccins - ou d'autres - protègent les personnes âgées, s'il est susceptible d'éviter la transmission du virus d'une personne à l'autre, est-ce qu'il protège contre les formes graves ? Etc. C'est donc normal que des interrogations persistent, puisqu'elles existent. D'ici quelques semaines ou quelques mois, ces informations vont être disponibles et à ce moment-là, on peut espérer que pour une fraction de ces personnes, les inquiétudes se lèveront.
Il restera toujours des irréductibles hostiles, mais il me semble qu'une partie des personnes qui sont aujourd'hui hésitantes devraient être convaincues.
Professeur Alain Fischerà franceinfo
Évidemment, il sera absolument essentiel qu'il y ait des campagnes d'information effectuées à l'égard des personnels de santé - ceux qui vont vacciner - et à l'égard de la population pour bien expliquer pourquoi cette vaccination est justifiée.
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