Confinement : le "click and collect" ne convainc pas certains commerçants
Le retrait de commandes en boutique coince chez des professionnels attachés à leur commerce en centre-ville et à la relation avec le client.
Les commerçants, fermés à cause du confinement, tentent de maintenir leur activité grâce au retrait de commandes en boutique. Mais, pour faire du "click and collect" le problème numéro un, c'est le "click". Un professionnel sur trois est présent sur Internet et seulement un sur cinq dans le secteur de l'habillement.
Juliette Pichot vend des vêtements et des accessoires de marque à Chartres, mais n'est sûrement pas présente sur la toile : "Je n'ai pas de site Internet, et je refuse parce que ma priorité, c'est d'avoir des personnes dans mon magasin en physique et de leur donner des conseils personnalisés."
Quand on demande une paire de chaussures en taille 42, il faut savoir si c'est réellement la bonne pointure. Ce n'est pas une simple image qui peut répondre à l'attente.
Juliette Pichot, commerçanteà franceinfo
"Si on a un site Internet, quel est l'intérêt d'être en centre-ville, de payer un loyer et d'avoir du personnel", demande la commerçante.
"C'est quasiment ouvrir une deuxième boutique"
La construction d'un site coûte 400 à 3 000 euros en moyenne, sans compter sa réactualisation périodique. Ce n'est pas le cas des plateformes municipales créées pendant le premier confinement, les villes ont pris en charge les frais. Idéal pour les commerçants, en apparence selon Jean-Pierre Lehmann, président de Vitrines de France : "Techniquement, c'est facile, mais dans la réalité, on s'aperçoit que c'est beaucoup plus difficile."
Pour le président de cette fédération nationale qui défend le commerce de centre-ville, "beaucoup d'applications existent aujourd'hui mais ne fonctionnent pas bien. Par exemple, si je commande sur Internet un produit en taille 40, j'arrive chez le commerçant et le produit n'est plus là car, entre temps, il l'a vendu : je ne suis pas très content."
Ça fait des années qu'on essaye de les motiver. C'est vrai qu'il y a une partie des commerçants qui n'a pas voulu, ou pu, s'impliquer suffisamment dans le Net.
Jean-Pierre Lehmann, président de Vitrines de France
"Mettre un site internet en place, c'est quasiment ouvrir une deuxième boutique", poursuit Jean-Pierre Lehmann. Internet est un métier et d'ailleurs, les prestataires se bousculent pour proposer leurs services aux commerçants. Les géants d'Internet affichent une solidarité avec leurs tout petits concurrents. Ebay, Leboncoin, Cdiscount ou même Amazon veulent faciliter l'accès à leur plateforme. Même élan du côté de la grande distribution, qui fait une place sur ces sites au commerce fermé. Le gouvernement, lui, débloque 100 millions d'euros pour cette numérisation. Ça ressemblerait presque à une nouvelle grande cause nationale.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.