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Commémoration des attentats du 13-Novembre : "Même si on le regrette, on comprend totalement" l'absence des victimes et des familles

En raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, les victimes et les familles n'ont pas été conviées. "Ça aurait été complètement déraisonnable d'essayer de passer outre ou de demander à avoir une dérogation", estime Artur Dénouveaux, président de l'association de victimes Life for Paris.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Plaque commémorative à l'extérieur du Bataclan, en hommage aux victimes du 13 novembre 2015. (SADAK SOUICI / LE PICTORIUM / MAXPPP)

"Je regrette infiniment" que les commémorations des attentats du 13-Novembre 2015 se fassent sans certaines victimes ou proches de victimes à cause de la situation sanitaire, mais "je comprends tout à fait", a expliqué sur franceinfo vendredi 13 novembre Artur Dénouveaux, président de l'association de victimes Life for Paris. "Le 13 novembre, ce qui avait été visé, c'était le match de foot, les terrasses, le concert, toutes les choses que la pandémie nous empêche de faire aussi. Et ça, c'est très difficile".

franceinfo : Alors que l'on commémore ces attaques aujourd'hui, comment allez-vous ?

Artur Dénouveaux : Si vous me posez la question ce matin, je vais vous dire que c'est une journée très particulière et que je suis un peu déboussolé, comme chaque année, à faire le bilan de cinq années écoulées. Si la question est plus globale, évidemment, en cinq ans, les choses se sont beaucoup améliorées. Le temps fait son œuvre. La reconstruction à travers l'association Life for Paris et le parcours de résilience qu'on a en commun tous ensemble fait son œuvre aussi. Je vais mieux que l'année précédente. Je vais évidemment mieux qu'il y a quatre ans et 364 jours.

En pleine pandémie, les commémorations sont restreintes aux représentants d'association et aux élus. D'autres rescapés ou victimes n'en font pas partie. Que vous le regrettez ?

Je le regrette infiniment. C'est un moment de communion et un moment de solidarité qui est très important pour nous. On commémore à la fois les morts, mais on pense aussi aux vivants et c'est pour ça qu'on aime se réunir. Ensuite, on le comprend tout à fait. Dans un contexte où les enterrements sont limités à 30 personnes. Ça aurait été complètement déraisonnable d'essayer de passer outre ou de demander à avoir une dérogation pour ça. Même si on le regrette, on le comprend totalement.

Life for Paris a prévu une organisation particulière pour aujourd'hui ?

Oui, évidemment. L'idée, c'était vraiment de ne pas laisser nos adhérents esseulés.

On a tout fait pour que la journée puisse se dérouler de manière virtuelle, au plus près de ce qu'elle aurait été physiquement. 

Artur Dénouveaux, président de l'association de victimes Life for Paris

à franceinfo

Il y a une retransmission des cérémonies qui se déroulent ce matin, en cortège très réduit. Ensuite, on rediffuse des cérémonies des années précédentes pour nos adhérents. On organise aussi un apéro zoom dans l'après-midi. Le groupe Queens of the Stone Age nous stream un concert à 18 heures, et il y a un concert à 20 heures sur Arte en hommage aux victimes du 13-Novembre. L'idée est vraiment de donner des jalons à nos adhérents et de se dire qu'on sera en train de faire toutes ces choses à la même heure et avec les moyens de communication modernes. On pourra même partager nos réactions à ce qui de passe.

Comment vous le vivez, ce confinement ?

Assez bizarrement. Quand on est rescapé, on souffre évidemment d'une forme plus ou moins aiguë de stress post-traumatique. Et il y a quand même, de manière sous-jacente, une forme d'agoraphobie qui se développe. De ce point de vue, le confinement fait du bien. En revanche, le 13-Novembre, ce qui avait été visé, c'était le match de foot, les terrasses, le concert, toutes les choses que la pandémie nous empêche de faire aussi. Et ça, c'est très difficile. Tous les adhérents sont des gens qui aiment sortir, qui aiment faire des choses et qui en sont privés.

La France a été à nouveau la cible du terrorisme récemment. Cela ravive des souvenirs douloureux ?

Oui, c'est l'horreur du stress post-traumatique. Dès qu'il se produit un nouvel attentat, vous êtes replongé dans le vôtre. Au premier confinement, il y avait eu cet attentat à Romans-sur-Isère qui nous avait tous frappé de stupeur, dans l'association.

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