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Confinement : les vacances d'été seront primordiales pour le tourisme, "faute de quoi ce sont des centaines de milliers d'emplois qui seront détruits", alerte un cabinet d'études

Protourisme estime que les neuf millions de Français qui étaient partis à l'étranger l'an passé resteront dans l'hexagone, tandis-que la clientèle étrangère diminuera voire disparaîtra.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Selon le cabinet d'études Protourisme, les Français vont rester dans l'hexagone cet été. (ISHARA S. KODIKARA / AFP)

Le secteur du tourisme est particulièrement touché par la crise du coronavirus. Plus de 550 millions d'euros de prêts garantis par l'État ont déjà été accordés à des entreprises du secteur, selon le secrétaire d'Etat Jean-Baptiste Lemoyne. Il faut que les Français puissent partir en vacances cet été, "faute de quoi ce sont des centaines de milliers d'emplois qui seront détruits dans notre secteur" prévient Didier Arino, le directeur général associé du cabinet Protourisme.

franceinfo : Le secteur du tourisme est frappé de plein fouet par la crise actuelle, est-ce que ça se ressent déjà sur les vacances d'été ?

Didier Arino : Les vacances cette année seront des vacances dans l'hexagone. C'est d'ailleurs une bonne chose pour les acteurs du tourisme. Ils s'attendent à une très forte diminution, pour ne pas dire un arrêt quasi total de la venue des clientèles étrangères. De la même façon, les neuf millions de Français qui étaient partis à l'étranger l'an passé resteront dans l'hexagone. Bien évidemment, nous aurons besoin de cette solidarité pour alimenter nos territoires, très fortement impactés. Il n'y aura ni vacances d'avril, ni ponts du mois de mai et chaque mois de perdu, c'est dix milliards d'euros de pertes par mois pour l'ensemble de la filière tourisme, avec 400 000 personnes qui sont sans emploi dans ce secteur, 50 000 saisonniers pour lesquels les embauches sont repoussées, bon nombre vont être annulées. Nous aurons véritablement besoin de cette solidarité territoriale.

Est-ce que le fait que les Français restent ici pour des vacances compensera l'absence de touristes étrangers?

Cela ne devrait pas compenser la totalité de l'absence des touristes étrangers, car ils représentent environ 25% des nuitées marchandes dans le secteur du tourisme pour l'été. Il y a bien évidemment des régions qui sont très dépendantes des clientèles étrangères et ce seront celles qui seront les plus impactées. Je pense notamment à l'Ile-de-France, à la Côte d'Azur. Il y a des régions qui bénéficient d'une forte fréquentation des clientèles régionales, c'est le cas de l'Occitanie, de la Nouvelle Aquitaine. Ce sont celles qui bénéficieront à l'évidence de la venue des clientèles françaises qui avaient l'habitude de partir à l'étranger vers les destinations balnéaires, notamment, et qui resteront dans l'Hexagone.

Sous réserve de pouvoir partir, qu'est-ce que vous dites aujourd'hui à ceux à qui on demande de réserver leurs vacances d'été?

C'est bien le problème, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a un flou total de la part des pouvoirs publics, ce qui peut se comprendre puisqu'on est dans une crise sanitaire. En revanche, ce qui se comprend moins, c'est qu'il eût été préférable que les autorités disent clairement "il n'y aura pas d'ouverture des sites de visite, des campings, des villages vacances avant telle date". Aujourd'hui, les professionnels du tourisme passent leur temps à repousser les réservations, de quinze jours en quinze jours, pour celles du printemps, avec une très grande incertitude sur les modalités du déconfinement. Et tout cela pèse sur le secteur, cela rajoute des contraintes, des obligations à des acteurs qui sont déjà très fortement impactés. De la même façon, ça ne leur donne aucune visibilité.

Je crois que peu à peu, on nous prépare au fait que le déconfinement se fera au compte-gouttes, avec des contraintes très fortes pour les acteurs du tourisme. Il est véritablement souhaitable qu'ils puissent accomplir cette saison estivale, faute de quoi ce sont des centaines de milliers d'emplois qui seront détruits dans notre secteur, mais restons optimistes. Cela permettra aussi de construire peut-être un autre tourisme, un tourisme de proximité.

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