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Confinement : l'économiste Nicolas Bouzou appelle "l'administration à accepter au maximum les demandes de chômage partiel des entreprises"

"Il y a des départements dans lesquels l’administration [les Direccte] répondent plutôt favorablement et des départements où c’est un peu plus compliqué", dénonce l'économiste.

Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Bouzou (FRANCEINFO)

"J'enjoins l'administration à accepter au maximum les demandes de chômage partiel des entreprises", explique dimanche 29 mars sur franceinfo Nicolas Bouzou, économiste et essayiste. Ce dispositif, demandé par plus de 200 000 entreprises, même s'il coûte cher, "est très efficace pour protéger les salariés et les entreprises" ajoute-t-il.

Franceinfo : Quel sera le coût du chômage partiel pour la France ?

Nicolas Bouzou : Nous avons un dispositif assez général, qui protège bien les salariés. Le coût va être important.

Ça va se chiffrer en dizaines de milliards, bien plus que les 8 milliards annoncés.

Nicolas Bouzou, économiste

à franceinfo

Aujourd’hui, des entreprises ont fait des demandes d’accès au dispositif de chômage partiel mais elles n’ont pas encore mis leurs salariés en chômage partiel. Alors, bien évidemment, ça dépend de la durée du confinement mais ce chiffre d’un peu plus de 2 millions de salariés qui semble énorme est en réalité relativement faible par rapport à l’ampleur économique de la crise que nous traversons.

Ce dispositif est-il un moyen efficace selon vous de sauver les emplois ?

Oui, c’est très efficace, déjà parce que les salariés restent sous contrat de travail avec les entreprises, ils ne sont pas au chômage, ils ne vont pas voir Pôle emploi. D’ailleurs, il peut encore y avoir un lien avec l’entreprise, par exemple ça peut être l’occasion de faire jouer les mécanismes de formation professionnelle. Et puis c’est évidemment très protecteur pour les entreprises parce qu’on a une économie qui est mise en sommeil volontairement. Si on ne fait rien, ça va provoquer des faillites en cascade et on va s’appauvrir fortement et très durablement.

Donc oui, je pense que c’est un dispositif très efficace et d’ailleurs, j’enjoins l’administration à accepter au maximum les demandes de chômage partiel des entreprises. J’ai remarqué qu’il y avait des différences, une certaine hétérogénéité géographique. Il y a des départements dans lesquels l’administration [les Direccte] répondent plutôt favorablement et des départements où c’est un peu plus compliqué. Ça, ce n’est pas l’idée.

Est-ce que, grâce à ce dispositif, les entreprises vont pouvoir reprendre leur activité normalement dès la fin du confinement ?

Non, la reprise sera malheureusement très progressive parce que la France n’a pas une économie isolée.

Nicolas Bouzou, économiste

à franceinfo

Pour que l’économie remarche normalement, il faut que les Français soient déconfinés mais il faut que ce soit aussi le cas des pays auxquels on achète des biens de production et également des pays qui sont des clients importants pour nous. Sauf qu’on a peu de visibilité.

On n’évitera pas quelques faillites au moment de la reprise car les entreprises vont de nouveau avoir des coûts à ce moment-là, elles vont payer les gens elles-mêmes et le chiffre d’affaires n’arrivera pas tout de suite. Il faudra continuer à les aider pour faire en sorte que cette crise incroyablement forte laisse le moins de traces.

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