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Chine : la fête des morts perturbée par le coronavirus

Samedi 4 avril sera une journée de recueillement en Chine. Les familles rendront hommage à leurs défunts à l’occasion de la fête traditionnelle de Qingming, l’équivalent de la Toussaint. Pour limiter le risque de contagion, les visites dans les cimetières ne sont possibles que sur réservation.

Article rédigé par franceinfo - Dominique André et Wu Hannuo, édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Pour fêter la Toussaint chinoise au cimetière de Babaoshan à Pékin, il faut avoir réservé un créneau en raison de l'épidémie de coronavirus, le 2 avril 2020. (DOMINIQUE ANDRE / RADIO FRANCE)

Pour entrer dans le cimetière révolutionnaire de Babaoshan, à l’ouest de Pékin, il faut d’abord réserver sur internet, avec la date précise, l’horaire et sa carte d’identité. Vous recevrez par la suite un code QR sur le téléphone portable. C’est la procédure, tente d’expliquer le gardien à une vieille dame qui a l’air perdu. 

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Le gouvernement a prévenu qu’il fallait réserver en ligne ou par téléphone depuis le 19 mars, mais je n’ai pas internet. Je suis une personne âgée ! Je ne sais pas comment faire. 

Une Pékinoise âgée

à franceinfo

"Je me suis déplacée pour vous demander le numéro de téléphone pour faire ma réservation pour aller au cimetière, explique la dame au gardien. Il faut aussi que je me renseigne sur les horaires des navettes, c’est trop compliqué pour moi. Je ne sais pas comment je vais faire !", s’exclame-t-elle désespérée de ne pouvoir célébrer la fête traditionnelle de Qingming, l’équivalent de la Toussaint en Chine.

Un panneau à l'entrée du cimetière de Babaoshan à Pékin explique qu'il faut un QR pour rentrer en raison de l'épidémie de coronavirus, le 2 avril 2020. (DOMINIQUE ANDRE / RADIO FRANCE)

Pas plus de trois personnes par tombe  

À l’extérieur du cimetière, des employés vont contrôler les codes QR des familles. Trois personnes au maximum seront autorisées autour de la tombe. Habituellement, les Chinois viennent nombreux pour balayer les sépultures, enlever les mauvaises herbes et les fleurs fanées, comme le veut la coutume. Ils brûlent aussi du papier monnaie pour que les défunts aient de l’argent. L’épidémie de coronavirus bouscule les habitudes de madame Yin.  

Avant, le cimetière nous prêtait un seau et des chiffons pour que nous puissions nettoyer nous-même les tombes. Mais cette année, ce n’est pas possible à cause des risques de transmission du virus entre les gens.  

Madame Yin, une Pékinoise venue commémorer ses défunts

à franceinfo

"Les autres années, il y avait beaucoup de vendeurs de fleurs fraîches et de fleurs artificielles qui s’installaient devant le cimetière, ajoute-t-elle. Mais cette année il n’y a rien de prévu. C’est un employé du cimetière qui m’a donné une fleur".

"À cause de l’épidémie, je n’irai pas au cimetière"   

La mairie a conseillé aux Pékinois de ne pas quitter la capitale. Monsieur Li a renoncé à se rendre sur la tombe de ses parents, dans une province voisine : "À cause de l’épidémie, la procédure est trop compliquée, je n’irai pas au cimetière. La tombe de mon père se trouve dans ma région natale dans le Hebei. Actuellement il y a des cas de gens contaminés qui viennent de l’étranger. Il faut sortir le moins possible. Je suis angoissé. Je vais brûler des billets, de l'argent pour faire une offrande aux personnes décédées dans ma famille". Pour les familles qui ne peuvent pas se déplacer, ce sont les employés des cimetières qui s’inclineront sur la tombe de leurs défunts.

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