"Cette situation nous met à l’épreuve quotidiennement" : les couples binationaux toujours dans l'incertitude de pouvoir se retrouver en période de Covid
Malgré les récentes annonces du gouvernement français, les couples binationaux désespèrent de pouvoir se retrouver.
Crise sanitaire, fermeture des frontières... Cela fait 225 jours que Murielle et Andrew ne se sont pas vus. Lui vit en Floride aux États-Unis, et elle à Paris. "I miss you baby", lance Murielle par visio à son compagnon en embrassant l’écran d’ordinateur. "On a pris cette habitude, vu de l’extérieur ça peut faire bizarre", rigole-t-elle. Les couples binationaux, ni mariés ni pacsés, doivent bientôt pouvoir se retrouver. C'est en tout cas ce qu'a fait savoir Jean-Baptiste Lemoyne dans le Journal du Dimanche. Privés de la possibilité de faire jouer un quelconque regroupement familial, contrairement aux couples qui sont mariés ou pacsés, ils sont plusieurs milliers à pâtir actuellement de ce vide juridique.
"Ça me rend triste"
Ensemble depuis presque deux ans, Murielle et Andrew avaient l'habitude de se rendre visite tous les deux ou trois mois. Ils se sont vus pour la dernière fois le 1er janvier, puis la crise sanitaire est arrivée. "Ça me rend triste de plus en plus, explique Murielle. Autant je l’aime, autant cette situation nous met à l’épreuve quotidiennement. On ne construit pas une relation qu’avec des visios et des mails."
On a besoin de se voir, de se toucher, de s’embrasser comme tous les couples normaux.
Murielle, en couple avec un Américainà franceinfo
Pour obtenir un laissez-passer, les couples devront fournir tout ce qui pourra permettre de prouver leur relation : des factures communes, des billets d'avions de précédentes visites, des photos de couples ou encore des tickets de cinéma. Hélène, elle aussi en couple avec un Américain a déjà tout rassemblé : "Est-ce qu’on doit présenter dans notre dossier nos billets d’avion aller-retour ? En tout cas ceux de nos conjoints ? S’ils réservent leurs billets maintenant, mais qu’on ne sait pas quand ils auront l’autorisation de venir, ça rend les choses très compliquées pour s’organiser."
Des consulats débordés
Les délais restent flous. Les dossiers devront d'abord passer par les consulats, puis par la direction de l'immigration du ministère de l'Intérieur. Mais les consulats sont déjà débordés, assure Thomas, alors ces dossiers seront-ils prioritaires ? Il n'a pas vu sa compagne russe depuis six mois. "J’en arrive au point où j’en ai quitté mon emploi parce que je passe toutes mes journées avec l’ambassade", raconte-t-il.
On arrive dans la situation où on commence à envisager de se retrouver dans un pays tiers et on va prendre des risques, ça devient n’importe quoi.
Thomas, en couple avec une Russeà franceinfo
"Si on fait tout ça et qu’en septembre quand on rentre il y a des clusters qui apparaissent partout en France, on fait quoi ?", interroge Thomas. D'autres pays européens permettent déjà aux couples binationaux et non mariés de se réunir, c’est le cas du Danemark, de l'Allemagne, ou encore de la Suisse.
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