"C'est la pagaille la plus complète" : les voyages scolaires de nouveau autorisés mais toujours au ralenti
Organisatrices de séjours linguistiques et découvertes, transporteurs, gérants de centres de vacances au ski peinent à signer des contrats avec les établissements scolaires. Certaines académies jouent la prudence en raison du Covid-19.
Apprendre l'anglais face à Big Ben avec toute sa classe ou l'espagnol au parc Güell à Barcelone... Des expériences qui marquent les élèves, mais qui, cette année, restent souvent à l'état de projet dans les tiroirs des écoles, collèges et lycées. Interdits en mars en raison du Covid-19, les voyages scolaires sont réautorisés depuis la rentrée mais les professionnels du secteur - qui s'entretiendront mercredi 30 septembre avec le ministre de l'Économie - craignent déjà une année blanche pour 2021.
Des interdictions dans certaines académies
Charlotte Bécart Deroubaix, directrice de l'agence Vivalangue, implantée dans le Nord, n'a plus de contrat depuis six mois et les perspectives ne sont pas bonnes."Les clients, d'habitude, commandent le voyage six à douze mois en amont. Aujourd'hui, il n'y a pas de commande possible". Même restriction pour les classes découvertes, avec un effet direct sur l'agence de Karine Curvalle, gérante de la société Ados Voyages : "Il y a un an on étaient cinq salariés. Maintenant je suis seule."
Même si les établissements scolaires ont obtenu, début septembre, de l'Éducation nationale l'autorisation d'organiser des voyages de classes, Karine Curvalle, dont l'entreprise est basée dans l'Hérault, estime que certains responsables locaux bloquent encore un retour à la normale.
Les écoles primaires essaient, pour certaines, de repartir mais ont des contraintes de la part des recteurs d'académie. Certaines académies autorisent les classes découvertes et d'autres pas.
Karine Curvalle, gérante d'Ados Vogagesà franceinfo
Les transporteurs, eux aussi, subissent de plein fouet cette situation. Thierry Weckerlé est président de la société C2V Autocars, à Lunéville en Meurthe-et-Moselle, dont l'activité dépend à 50% des voyages scolaires. "Vous avez le ministère de l'Éducation nationale qui encourage les 'colonies apprenantes' et, parallèlement, les inspections académiques, les préfectures déconseillent d'effectuer des déplacements pour les groupes scolaires. C'est la pagaille la plus complète."
Les stations de ski pénalisées
Plus largement, c'est toute une économie saisonnière qui pourrait faire les frais de la situation."Des acteurs avec lesquels on travaille régulièrement sont dans une situation déplorable, témoigne Francis Felhen, gérant de six centres de vacances dans les Alpes. Les moniteurs de ski, la perte pour les remontées mécaniques, les transporteurs... Ça va être très violent."
Tous les acteurs du voyage scolaire appellent à une plus grande cohésion dans les directives de l'Éducation nationale pour sauver une saison d'hiver déjà très compromise.
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