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Au Salvador, la "méthode Trump" pour communiquer et imposer le confinement

Nous nous arrêtons dans un petit pays d’Amerique centrale, qui est aussi l’un des plus violents du monde : le Salvador. Où le président utilise à la fois la manière forte et Twitter pour imposer le confinement.  

Article rédigé par franceinfo - Lucas Menget
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le président salvadorien Nayib Bukele lors d'un discours devant ses partisans, à San Salvador le 9 février 2020 (MARVIN RECINOS / AFP)

Il n’y a pas que Donald Trump qui fasse un usage personnel de Twitter. Nayib Bukele a vite compris la puissance de cette communication, mais surtout il considère que c’est désormais par tweets qu’il peut diriger son pays. Il a 38 ans, est président du Salvador depuis moins d’un an, et considère qu’il peut s’affranchir de certaines règles démocratiques pour gérer la crise. Ses tweets ont désormais valeur de décret, sans passer ni par une publication officielle, ni par le Parlement.

L’armée applique à la lettre les décisions Twitter du jeune président. Résultat : plus de 4 000 personnes ont été arrêtées et placées dans des centres fermés, pour rupture du confinement. L’armée et la police ont désormais le droit d’entrer dans n’importe quel domicile pour vérifier l’état de santé des habitants.  

Les organisations de défense des droits de l’homme inquiètes 

La cote de popularité de Nayib Bukele ne faiblit pas. Les presque 7 millions de Salvadoriens, ce petit pays d’Amerique centrale, sont épuisés par la peur et la violence. Et beaucoup trouvent que ce président sûr de lui et brutal peut changer les choses.

Le Salvador est considéré comme l’un des pays les plus dangereux du monde, en-dehors de zones de guerres. Depuis des décennies il est en proie aux gangs, qu’on appellent les maras. Deux d’entre eux tiennent une bonne partie du pays en coupe réglée, à coups de vols, d’extorsions et d’assassinats. La décision du président Bukele de mettre fin à la séparation des gangs en prison inquiète : elle peut signer le début d’un bain de sang.  

Un détenu sur cinq est membre d’un gang

Depuis 2002, les membres du MS 13 et du Barrio 18 étaient dans des cellules différentes. Mais un tweet du président y a mis fin cette semaine. Il considère que les forces de l’ordre doivent se consacrer au confinement et pas à éviter des meurtres en prison. Les deux populations ont donc étés mélangées. Les ONG y voient une manière déguisée de les inciter à s’entretuer. Le Parlement a bien tenté de s’interposer. Mais le président considère qu’il n’a plus besoin des députés, et que sa popularité prouve qu’il est démocrate.

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