Au Chili, le reconfinement déclenche des émeutes
La maladie continue sa progression en Amérique du Sud. Le Brésil est désormais l’un des pays les plus touchés, du monde, mais c’est au Chili qu’ont eu lieu des émeutes de la faim, liées à un nouveau confinement.
Le week-end dernier, toute la région de la capitale, Santiago du Chili, a fini par être confinée. Une décision prise par le président Sebastian Pinera, voyant augmenter le nombre de cas de contaminations dans la ville. 80 % des 46 000 cas de Chiliens touchés par le Covid-19 sont dans la capitale. Mais le Chili est en train d’entrer dans l’hiver austral, les températures baissent, et le nombre de maladies respiratoires a tendance à exploser dans les quartiers pauvres de cette agglomération de sept millions d’habitants, tous les hivers. La semaine dernière, les médecins chiliens se sont inquiétés de voir à la fois les cas de Covid et de maladies classiques augmenter brutalement, leur faisant craindre une arrivée massive dans les hôpitaux.
La colère explose dans certaines banlieues
À El Bosque, une banlieue pauvre de Santiago, le confinement a été la mesure de trop. Les habitants sont descendus dans les rues, ont affronté la police, et exigé une aide alimentaire et financière immédiate. Le gouvernement a eu beau annoncer la livraison de centaines de milliers de colis alimentaires en urgence, il a fallu de vrais combats entre policiers et manifestants pour tenter de ramener le calme. Avant même la crise du coronavirus, le pays était en proie depuis plusieurs mois à une colère sociale inédite depuis 30 ans. Les Chiliens réclament un État social, alors que la pauvreté ne cesse d’augmenter et que le gouvernement libéral de Sebastian Pinera a perdu la confiance de la rue.
Le Chili avait pourtant été l’un des premiers pays américains à prendre au sérieux la pandémie
Dès le 7 février, le Chili avait déclenché une alerte sanitaire, mobilisé les hôpitaux et fait des stocks de tests et de respirateurs. Dans la foulée, les écoles ont été fermées, comme les administrations, et un couvre-feu imposé. Avec seulement 100 cas et aucun mort fin mars, le Chili a cru la vague passée, et a commencé à encourager la reprise de l’activité. Les médecins avaient jugé que c’était un peu tôt. Leur crainte s’est révélée exacte. Chaque jour la semaine dernière le nombre de cas a doublé au Chili, obligeant à ce confinement en urgence. C’en est trop pour les pauvres de la capitale, qui doivent envisager un hiver confiné, la peur et la faim au ventre.
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