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Appel à augmenter le télétravail : "Les froncements de sourcils d'un ministre un peu gendarme ne vont pas régler la situation"

"On peut inciter les entreprises mais le ministre du Travail n'est pas un gendarme qui impose un code du Travail qui n'est pas prévu pour cela", insiste Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail.

Article rédigé par franceinfo
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Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail, le 1er février 2011. (SILVERE GERARD / MAXPPP)

"Ce ne sont pas les injonctions et les froncements de sourcils d'un ministre un peu gendarme qui va régler la situation", a réagi jeudi 11 février sur franceinfo  alors qu'Élisabeth Borne souhaite que les salariés qui peuvent télétravailler se remobilisent. Selon une enquête d'Humanis, le taux de salariés en télétravail en décembre dernier était le même qu'en décembre 2019. Des chiffres que conteste la ministre du Travail. Pour Bernard Vivier, "il y a un changement de mentalité" et l'on va "développer le télétravail [mais] une entreprise n'est pas forcément plus efficace en télétravail et les salariés ne sont pas forcément plus heureux."

franceinfo : Comment est-ce qu'on se remobilise comme l'a dit Élisabeth Borne ?

Bernard Vivier : Nous sommes aujourd'hui dans le temps long : 'Qu'est-ce qu'on peut faire dans une entreprise pour favoriser le télétravail ?'. Il y a des possibilités, il y a un changement de mentalité qui fait que, dans les temps à venir, le télétravail va s'installer et nous allons développer le télétravail mais pas dans des proportions aussi fortes que ce que nous avons vécu. Ce ne sont pas les injonctions et les froncements de sourcils d'un ministre du Travail un peu gendarme qui va régler la situation. [Les contrôles] ont un côté punitif et un peu vain. On peut inciter les entreprises mais le ministre du Travail n'est pas un gendarme qui impose un code du Travail qui n'est pas prévu pour cela.

Comment peut-on expliquer cet amour/désamour pour le télétravail ?

Depuis un an, nous devons conjuguer la protection des personnes et le devoir de produire. Produire est une absolue nécessité aussi forte que la nécessité de protéger les personnes. On voit que la ministre de Travail est un peu coincée entre ces deux nécessités et c'est une question assez française puisqu'ailleurs en Europe il n'y a pas cette dialectique aussi brutale avec le ministère de la Santé d'un côté et celui de l'Économie et des Finances de l'autre. On sent en France aujourd'hui cette forte opposition.

Est-ce qu'en télétravail le salarié est plus productif que lorsqu'il est en présentiel ?

Oui, la productivité en télétravail est élevée mais ce n'est pas sur ce seul critère qu'il faut juger. Les directions d'entreprises, comme les salariés, comme les organisations syndicales ne conçoivent pas le télétravail comme la panacée. Il y a un an avant la crise du coronavirus, environ 5% des salariés faisaient en partie du télétravail. Maintenant, avec la crise du mois d'avril-mai, on est passé à 25-30% et puis ça redescend aujourd'hui parce que nous avons besoin d'être ensemble et d'être sur le lieu de travail pour nous concerter. Une entreprise n'est pas forcément plus efficace en télétravail et les salariés ne sont pas forcément plus heureux.

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