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Angoisse face au coronavirus et au confinement : "Quand la réalité est paniquante, ce n'est pas la peine de la cacher", explique une psychanalyste

Claude Halmos estime qu'il est normal d'être angoissé face à un phénomène totalement nouveau pour nous. Pour elle, il ne faut absolument pas masquer cette réalité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Claude Halmos, psychanalyste spécialiste de l'enfance et de la maltraitance. (RADIO FRANCE)

"Il y a une réalité, très bien expliquée par les autorités, et il y a une panique qui est normale" : la psychanalyste Claude Halmos, qui propose "C'est dans ma tête", un rendez-vous hebdomadaire diffusé sur franceinfo tous les samedis, explique nos réactions aux annonces d'Emmanuel Macron hier soir et les interdictions plus strictes face au coronavirus.

Franceinfo : Est-ce que c'est normal d'être angoissé par les étalages vides des supermarchés par exemple ?

Claude Halmos : Oui, et je crois que ça angoisse tout le monde. Parce qu'on a tous entendu parler de la guerre, de quand il n'y avait pas à manger, donc évidemment on a tout à coup l'impression que c'est encore pire que la situation dans laquelle on est. Il y a une réalité, qui a été vraiment bien expliquée par tous les responsables, et il y a une panique, c'est normal.

Tout le monde se jette sur tout avec l'impression qu'il n'y aura plus rien demain. Bien évidemment, ça va s'arrêter, parce qu'au bout de 15 kilos de poireaux dans le frigo, il y a forcément une limite...

Claude Halmos, psychanalyste

sur franceinfo

Et surtout les magasins vont être réapprovisionnés, on nous a vraiment assuré qu'il n'y aurait pas de pénurie donc je crois que dans ces moment-là, il faut tous qu'on puisse se dire bêtement 'bon je suis angoissé, mes voisins aussi d'ailleurs, les gens dans les supermarchés aussi, mais c'est dans mon imagination, ce n'est pas la réalité !

Et en même temps, acheter dans les seuls magasins qui sont ouverts, c'est aussi un moyen de se rassurer d'une certaine manière ?

Bien sûr que c'est une façon de se rassurer. Mais je crois qu'il faut vraiment se rendre compte que ce à quoi on a affaire c'est absolument colossal psychologiquement, c'est une vraie épreuve. Parce qu'on a affaire à quelque chose que l'on n'a jamais connue mais que l'on ne pouvait même pas imaginer. Une épidémie, c'était soit dans des pays lointains donc loin dans l'espace, soit dans le temps en arrière. On a donc affaire à quelque chose qui est complétement nouveau, c'est donc totalement vacillant.

Dans ce contexte-là, le mot "guerre" employé par Emmanuel Macron à plusieurs reprises hier, est-ce qu'il ne peut pas avoir un double effet prise de conscience mais aussi inciter à des comportements comme ça ?

Je ne crois pas, je crois qu'il a raison de parler de guerre parce qu'on est en guerre et d'ailleurs il faut que les gens s'en rendent compte et prennent conscience qu'on ne peut plus aller se balader. C'est très embêtant mais voilà, on a un ennemi. Là, en plus, on ne sait pas combien de temps ça va durer, donc c'est d'une certaine façon encore plus difficile à vivre.

Quand la réalité est paniquante, ce n'est pas la peine de la cacher, autant la regarder en face et essayer de l'affronter.

Claude Halmos, psychanalyste

sur franceinfo

Et je pense que pour l'affronter, l'attitude qu'il [le président] a eu et le discours qu'il tient et que tiennent l'ensemble des autorités sur "on est là, on se bat, on fait ce qu'il faut", c'est quelque chose de bien. Ce n'est pas rassurant, parce que tenter de rassurer dans ces moments, c'est tromper. En revanche, c'est structurant, c'est-à-dire que ça nous aide à mobiliser des forces en nous. Le problème, ce n'est pas qu'on se chante les uns les autres une petite chanson sur "ça va s'arranger", c'est "ok, c'est terrible mais on peut se battre" et les guerres, on en réchappe mais il faut se bagarrer et faire ce qu'il faut. Et de ce point de vue, mobiliser ses proches, mobiliser ses enfants, mobiliser ses voisins sur voilà comment le virus se transmet, c'est très important, ça veut dire que l'on est aux commandes, on ne subit pas, on est quand même actif.

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