"Envoyé spécial" enquêtait le 5 octobre sur un incroyable cafouillage de santé publique : la nouvelle formule du Levothyrox, un médicament qui régule la thyroïde de 3 millions personnes, mise sur le marché en mars 2017. Les Français, peu informés, ont été des milliers à se plaindre de graves effets indésirables, au point que l'ancienne formule doit être remise en vente. Que s'est-il passé ? Et comment expliquer que nos voisins belges, eux, aient relevé ce défi sans difficulté ?Communication à tous les niveauxComme en France, beaucoup de patients belges ont subi (en 2015) les effets du passage à une nouvelle version du médicament équivalent, la L-Thyroxine. Mais en Belgique, il n'y a eu ni crise ni scandale. C'est que, en amont, la communication a été assurée à tous les niveaux. Les médecins ont prévenu leurs patients. Ceux-ci ont reçu une lettre d'information très explicite, portant un avertissement en rouge et recommandant "un suivi attentif". Le laboratoire s'est préoccupé de les alerter directement : le packaging du médicament porte la mention "nouvelle formule", et la boîte contient un feuillet cartonné d'explications.Pourquoi ne pas avoir suivi l'exemple belge ?En France, aucune mention claire sur la boîte de Levothyrox n'a été ajoutée. Pourquoi l'Agence du médicament, qui connaissait parfaitement l'exemple belge, ne l'a-t-elle pas suivi ? Sa directrice adjointe, interrogée dans cet extrait, ne semble pas voir l'intérêt de s'adresser directement au patient, préférant rejeter la faute sur les médecins et pharmaciens. Extrait de "Levothyrox : fiasco sur ordonnance", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 5 octobre 2017.