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Le dispositif 100% santé n'est pas assez proposé par les opticiens, selon la répression des fraudes

D'après les premiers chiffres d'une enquête menée par la DGCCRF, les opticiens semblent ne pas jouer le jeu du dispositif. Il permet le remboursement intégral de certaines lunettes. La profession se dit injustement montrée du doigt.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Illustration paires de lunettes. (FRED TANNEAU / AFP)

Les opticiens proposent-ils assez de lunettes totalement remboursées ? C'est une question qui a été posée, mardi 13 avril, lors d'une réunion autour du ministre de la Santé Olivier Véran. Il s'agissait d'un point sur la réforme 100% santé, l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron et un dispositif généralisé depuis le 1er janvier 2020 qui permet le remboursement intégral si l'on choisit des lunettes ou encore des prothèses auditives qui se trouvent sur une liste bien précise. 

D'après les premiers chiffres d'une enquête menée par la répression des fraudes, il semble que les opticiens ne jouent pas le jeu. Les inspecteurs de la répression des fraudes (DGCCRF) sont en effet depuis quelques semaines en train de visiter des magasins de lunettes, comme tous les clients, ils demandent des devis pour en acheter et ils ressortent trop souvent sans avoir entendu parler de la réforme 100% santé. 

Moins de 20% de clients ont profité du 100% santé

Dans une présentation diffusée mardi lors de la réunion autour du ministre de la Santé. Les inspecteurs précisent qu'au cours de cette enquête réalisée dans le cadre du 100% santé, ils ont rencontré un problème chez 60% des opticiens visités : Offres mal présentées ou pas présentées du tout. En résumé, chez certains opticiens le client ignore qu'il a la possibilité de bénéficier de verres ou de monture sans débourser un sou. Résultat en 2020, 16% des clients ayant acheté des lunettes ont bénéficié du dispositif, alors que le ministère avait fixé un objectif à 20%. À comparer avec les prothèses audio où 52% des ventes de ce secteur se sont effectuées avec le 100% santé. 

Selon les inspecteurs de la répression des fraudes, ces opticiens, qui ne proposent pas ou proposent mal ces lunettes, dirigent les clients vers les offres du marché libre, soit en "oubliant" de préciser que les lunettes ou les verres sont intégralement pris en charge, ce qui, du coup, les rend plus chers que les autres. Soit en dénigrant l'offre, soit en ne présentant pas du tout et parfois en cachant les lunettes éligibles dans des tiroirs non accessibles. 

"Il faut le remettre dans son contexte"

André Balbi, le président du Rassemblement des opticiens de France, estime la profession injustement montrée du doigt. D'abord, il souligne que l'enquête de la répression des fraudes n'est pas terminée car seuls 300 magasins sur les 700 prévus ont été visités. Ensuite, André Balbi explique que les chiffres présentés sur les opticiens sont trompeurs notamment les 60% d'anomalies constatées qui ne l'ont pas été que sur la présentation du 100% santé. Cela pouvait être aussi, par exemple, des défauts d'affichage. Selon le président du Rassemblement des opticiens de France, le chiffre de 16% de lunettes vendues avec le dispositif est en fait un bon résultat. "Il faut le remettre dans son contexte parce que l'année 2020 a été perturbée, explique le président du Rassemblement des opticiens de France. On a vécu deux confinements, deux mois de fermeture et au 1er janvier, les opticiens étaient prêts. On a réussi à équiper deux millions de personnes."

"Nous pensons qu'il est regrettable que certains clients aient pu constater un dénigrement de l'offre 100% santé, poursuit André Balbi.  Mais il faut savoir que l'exercice qu'on nous demande de faire sur le devis, c'est une présentation conjointe des deux offres, celle du 100% Santé et celle du marché libre. Cet exercice crée forcément une comparaison entre ces deux offres. L'exercice que l'on doit faire, c'est donner l'éclairage suffisant au client pour qu'il comprenne et puisse faire un choix éclairé." L'enquête de la répression des fraudes se poursuit jusqu'en 2022, où la réforme est censée être complètement mise en place. Si la tendance reste la même. Le ministre de la Santé envisage des actions, sans plus de précisions. 

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