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Le DG de l'Agence du médicament annonce son prochain départ dans une longue tribune publiée mercredi par Libération

Au beau milieu de la tempête, le n°1 de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a décidé de lâcher la barre."Après sept années (...), je vais bientôt quitter cet établissement public dans le contexte d'une crise sans précédent, celle du Médiator", indique Jean Marimbert dans le quotidien.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié
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Jean Marimbert, directeur général de l'agence de santé (Afssaps). (AFP - Bertrand Guay)

Au beau milieu de la tempête, le n°1 de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a décidé de lâcher la barre.

"Après sept années (...), je vais bientôt quitter cet établissement public dans le contexte d'une crise sans précédent, celle du Médiator", indique Jean Marimbert dans le quotidien.

Avant même la remise du rapport de l'Igas (Inspection Générale des Affaires Sociales) au ministre de la Santé Xavier Bertrand prévu en fin de semaine, cette annonce confirme, si nécessaire, la profonde crise que traverse le système sanitaire français.

"Comment ne pas être taraudé par une interrogation lancinante sur ce qui aurait pu et dû être fait pour que l'usage et le mésusage de ce médicament cessent plus tôt ?" s'interroge le futur démissionnaire. Une interrogation qui sonne comme un aveu.

"Face aux questions que soulève l'histoire du Médiator et à la perte de confiance qu'elle suscite, le statu quo n'est pas concevable", estime encore M Marimbert.

Tout en adressant sa "reconnaissance envers ses équipes compétences et dévouées à la santé publique" et en affirmant que "L'Etat ne pourra pas se passer d'un organisme public tel que l'Afssaps (...) chargé de prendre (...) les décisions sanitaires sur les produits de santé sans lesquelles la continuité du système de soins serait compromise", le futur ex Directeur général reconnaît que le système a "péché à certains moments clés par un défaut d'intégration dans une analyse globale".

Philippe Even : il "faudrait deux ans pour interdire le cyanure"
Cette analyse bien tardive est largement partagée par de nombreux fins connaisseurs du secteur à commencer par le Pr Philippe Even."Pour un Médiator, combien d'autres médicaments, comme le buflomédil, traînent sur le marché ?" s'interroge l'ancien doyen de la faculté de médecine Necker qui affirme "cette machine de l'Etat est tellement lente qu'il lui faudrait deux ans pour interdire le cyanure".

"Il faut que cela change". "Ce n'est pas notre premier scandale du médicament. Le Médiator n'est qu'un nouveau révélateur d'un système du médicament qui souffre de graves carences, d'un système pourri", souligne également le président de l'UFC-Que Choisir, Alain Bazot.

Pluralisme, transparence, conflits d'intérêts et pharmacovigilance

Alors que l'organisme public assurait mardi soir que la tribune de M. Marimbert ne constituait en rien une lettre de démission, l'Afssaps semble un peu plus fragilisée par l'incertitude quant à sa future direction.

S'il reste en effet évasif sur la date de son départ, Jean Marimbert est en revanche beaucoup plus précis sur la rénovation à opérer portant sur les "processus d'évaluation et de décisions".

"Il faut agir simultanément sur quatre fronts principaux qui sont autant d'axes de progrès" écrit-il. Ses propositions : "élargir le pluralisme", "renforcer la transparence" et "l'effectivité du système de déclaration et de gestion des liens d'intérêts des experts " enfin "renouveller et compléter les outils et méthode de pharmacovigilance".

Autant de pistes qui relèvent du bon sens et dont on ne peut que regretter qu'elles n'aient été exprimées plus tôt.

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