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Le 5 juin 1981, apparaissaient les premiers cas identifiés de sida aux Etats-Unis. 30 ans après, la recherche continue

Toutes ces années ont été rythmées par quelque 30 millions de morts, des familles disloquées, des enfants orphelins, une stigmatisation des malades mais aussi par de grands succès - effort financier, mobilisation, avancées médicales - face au virus de l'immuno-déficience humaine ou VIH, insaisissable, cause d'une maladie incurable.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Les Pr Luc Montagnier (G), Jean-Claude Chermann et Françoise Barre-Sinoussi à l'institut Pasteur à Paris (25 avril 1984) (AFP/MICHEL CLEMENT)

Toutes ces années ont été rythmées par quelque 30 millions de morts, des familles disloquées, des enfants orphelins, une stigmatisation des malades mais aussi par de grands succès - effort financier, mobilisation, avancées médicales - face au virus de l'immuno-déficience humaine ou VIH, insaisissable, cause d'une maladie incurable.


C'est le 5 juin 1981 que le Centre de contrôle des maladies d'Atlanta fait état, chez cinq jeunes homosexuels de Californie, d'une pneumonie rare qui ne frappait jusqu'alors que des sujets fortement immunodéprimés. Un mois plus tard, un cancer de la peau très rare est diagnostiqué chez 26 homosexuels américains. On parle à l'époque de "cancer gay".

L'année suivante, la maladie sera baptisée du nom de syndrome de l'immunodéficience acquise, ou sida. Ce n'est qu'en 1983 qu'une équipe française - composée des professeurs Luc Montagnier, Jean-Claude Chermann et Françoise Barre-Sinoussi - isolera le virus, transmis par le sang, les sécrétions vaginales, le lait maternel ou le sperme, qui attaque le système immunitaire et l'expose aux "infections opportunistes" comme la tuberculose ou la pneumonie.

En 1996, l'arrivée des trithérapies change la donne: de maladie mortelle, le sida devient maladie chronique.

Le Fonds mondial, créé en 2002, verse en huit ans près de 22 milliards de dollars de subventions. Les Etats-Unis mettent en place un "programme d'urgence", le Pepfar.

Mais si la maladie ne tue plus, elle ne guérit pas non plus et le nombre des personnes infectées va croissant. Au bout du compte, seulement une personne sur trois qui auraient besoin de traitement en bénéficie. Et pour deux personnes qui entrent dans le traitement, cinq sont nouvellement infectées.

Les efforts s'axent donc sur la prévention. De nouvelles stratégies se font jour: la circoncision, qui protège jusqu'à deux hommes sur trois, un gel microbicide, qui semble prometteur pour les femmes, la mise sous traitement des malades, qui réduit à quasi rien le risque de transmission sexuelle... Mais les premiers effets sont lents à venir et en dépit de la mobilisation et en l'absence de vaccin, le sida est loin d'être vaincu.

En outre, les deux tiers des séropositifs dans le monde ne savent pas qu'ils le sont et propagent la maladie. En France, ils sont environ 50.000. Une enquête conduite dans des bars, saunas et backrooms gays de Paris estime à près de 18% la contamination des clients, dont 20% qui l'ignorent.

Voir aussi :

>> Le dossier Sida de Geopolis


Les grandes dates du Sida


5 juin 1981: le Centre de contrôle des maladies d'Atlanta pointe une forme de pneumonie rare chez des homosexuels de Californie puis, en juillet, d'un cancer rare de la peau (sarcome de Kaposi) chez 26 homosexuels.

1982: le Syndrome d'immunodéficience acquise (Sida) est né.

1983-1984: en France, les Pr Luc Montagnier, Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Claude Chermann, de l'Institut Pasteur, isolent le virus qu'ils baptisent LAV (Lymphadenopathy associated Virus). Un an plus tard, aux Etats-Unis, le Pr Robert Gallo annonce à son tour avoir isolé un virus qui s'avère être le même. Début d'une polémique franco-américaine sur la paternité de la découverte qui s'achèvera en 1987.

21 juin 1985: la France autorise la commercialisation du premier test de dépistage.
2 oct 1985: l'acteur américain Rock Hudson meurt du Sida. D'autres stars suivront, comme le chanteur Freddy Mercury (1991) ou le danseur russe Rudolf Noureev (1993).

1986: mise au point du premier médicament, l'azidovudine (AZT), un antirétroviral qui ralentit la progression du virus mais ne l'élimine pas. En décembre, 4.500 cas sont recensés en Europe, soit une augmentation de 124% en un an.

1996: apparition d'une nouvelle thérapie, avec des médicaments en combinaison, les trithérapies, qui réduisent fortement la charge virale.
Les Nations unies mettent en place le Programme conjoint sur le Sida (Onusida). L'épidémie s'étend rapidement en Afrique et s'aggrave en Europe orientale, en Inde et en Chine.

2000:
première conférence internationale sur le sida en Afrique, continent le plus touché par la maladie.

2002: création du Fonds mondial de lutte contre le sida , la tuberculose et le paludisme, avec le soutien de Bill Gates.

2003: lancement par le président américain George W.Bush d'un programme sur 5 ans de 15 milliards de dollars, le Pepfar.

2010: une étude montre qu'un gel vaginal microbicide contenant un antirétroviral peut, bien utilisé, réduire de moitié le risque d'infection au VIH chez les femmes.
2011: un essai clinique établit que traiter au plus tôt des personnes séropositives avec des antirétroviraux réduit quasi totalement le risque de transmission du virus à des partenaires séronégatifs.


Les séropositifs augmentent aux USA
Le nombre d'Américains infectés avec le virus de l'immuno-déficience humaine a augmenté d'environ 71.000 de 2006 à 2008 pour atteindre 1,17 million, selon les dernières statistiques officielles publiées le 2 juin.

Cet accroissement du nombre des séropositifs malgré la baisse des cas de sida et de morts s'explique par l'efficacité des antirétroviraux qui depuis 1995 permet de vivre beaucoup plus longtemps et en meilleure santé, soulignent les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies.

Sur les 1,17 million d'individus qui vivaient avec le VIH en 2008 aux Etats-Unis, selon les estimations, 20% (236.400) ignoraient qu'ils étaient infectés, d'après les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies. En 2008, plus de la moitié des nouvelles infections ont été détectées chez des hommes homosexuels et bisexuels.

Les Noirs aux Etats-Unis présentaient en 2008 un taux d'infection huit fois plus grand que celui des Blancs. Pour les Hispaniques ce taux était 2,5 fois plus élevé que chez la population blanche.

Une deuxième étude publiée le 2 juin, menée par les centres fédéraux dans 21 grandes villes américaines, révèle que 61% des hommes homosexuels et bisexuels ont indiqué avoir été testés pour le VIH dans les douze mois précédents dont 7% ont ainsi découvert qu'ils étaient infectés.

D'autres études ont indiqué qu'au total de 10 à 20% de tous les Américains adultes sont testés annuellement pour le VIH.

Unicef: baisse de 12% des cas de sida chez les jeunes en dix ans
Chaque jour dans le monde, 2.500 personnes âgées de 15 à 24 ans continuent de contracter le virus du sida, selon un rapport du Fonds des nations unies pour l'enfance (Unicef) publié le 1er juin.

Cinq millions des jeunes de cette tranche d'âge sont actuellement porteuses du virus du sida, en baisse de 12% par rapport à 2001. Quatre millions d'entre eux vivent en Afrique subsaharienne. Les jeunes femmes sont plus affectées que les hommes: 60% des jeunes séropositifs sont de sexe féminin, avec un pic à 72% en Afrique subsaharienne.

Explication: une sexualité précoce et l'usage de drogues sont les deux principaux vecteurs de transmission du virus VIH, selon l'organisation.


Chiffres de l'Onusida sur l'épidémie dans le monde
(Dernier rapport annuel, publié en 2010 et portant sur l'année 2009)

- Personnes infectées: environ 33,3 millions de personnes vivaient en 2009 avec le virus, dont 2,5 millions d'enfants âgés de moins de 15 ans. Le virus a nouvellement infecté 2,6 millions de personnes en 2009, un chiffre en baisse de 16% en 10 ans. Au total, depuis le début de la maladie, 60 millions de personnes ont été infectées.

- Morts: au total près de 30 millions de personnes sont mortes de causes reliées au sida depuis le début de la maladie. 1,8 million de personnes sont mortes en 2009, dont un quart d'une tuberculose en lien avec la maladie. Le bilan est en baisse de 14% par rapport à 2004.

- Afrique: l'Afrique sub-saharienne est la région la plus durement touchée avec 22,5 millions de personnes infectées soit 67% de l'ensemble des personnes vivant avec le VIH dans le monde (5% en moyenne de la population africaine), et plus des deux tiers des décès.

- Traitement: 5,2 millions de personnes, dans les pays à faible et moyen niveau de vie, ont eu accès à un traitement en 2009, alors qu'il n'y en avait que 700.000 en 2004. Toutefois 10 millions d'autres personnes dans le monde auraient besoin d'un traitement, selon les normes fixées par l'Organisation mondiale de la santé.

- Infection mère-enfant: 53% des femmes enceintes séropositives ont reçu en 2009 un traitement pour prévenir la transmission du virus à leurs enfants, contre 35% en 2007. Environ 370.000 enfants nés en 2009 sont porteurs du virus.

- Orphelins: 16,6 millions de jeunes de moins de 18 ans ont perdu au moins un de leurs deux parents à cause du sida depuis le début de l'épidémie.

- Nombres de personnes infectées par région:
- Afrique sub-saharienne: 22,5 millions
- Asie du sud et du sud-est: 4,1 millions
- Asie orientale: 770.000
- Amérique centrale et du sud: 1,4 million
- Amérique du nord: 1,5 million
- Europe du centre et de l'ouest: 820.000
- Europe orientale et Asie centrale: 1,4 million
- Moyen Orient et Afrique du nord: 460.000
- Caraïbes: 240.000
- Océanie: 57.000

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