Réunions à la chaîne "à 40 dont 10 en visio", absence de ministre ou de budget annoncé : le scepticisme des participants au "Ségur de la santé"
La grande concertation autour des conditions de travail à l'hôpital a commencé il y a trois semaines et doit aboutir au début du mois de juillet. franceinfo a recueilli le sentiment des participants à mi-parcours.
Comment se déroule le "Ségur de la santé", lancé fin mai, au plus fort de l'épidémie de coronavirus par le gouvernement et censé améliorer la prise en charge des malades et les conditions de travail des soignants ? Les soignants mobilisés espèrent faire pression sur ces discussions en manifestant mardi 16 juin dans plusieurs villes de France. Une dizaine d'organisations et de syndicats en appellent à l'opinion publique avec ce mot d'ordre : "Vous nous avez applaudis tous les soirs à 20 heures, venez nous soutenir aujourd'hui !"
Ce que racontent tous les participants du "Ségur de la santé" pour l'instant, c'est une fièvre de la "réunionite" géante depuis trois semaines. Un raout à 300 participants le premier jour et depuis, des réunions de groupes, des réunions de sous-groupes, plus une centaine de rencontres bilatérales entre chaque organisation, syndicat, et le ministère de la Santé. Que sort alors de ce tourbillon de rencontres, où en est-on des discussions ? "Il n'y a pas de discussion", répond la docteure Anne Gervais, représentante du collectif inter-hôpitaux.
On a l'impression que les pilotes du chantier, qui sont des gens tout à fait de valeur, de bonne volonté et à l'écoute, servent un peu de boîte aux lettres et on ne sait pas si la lettre parvient au destinataire élu et quelle décision en découle.
Anne Gervais, représentante du collectif inter-hôpitauxà franceinfo
"On a la présentation d'un sujet, chacun exprime ce qu'il en pense. Mais vu la façon dont on a des sujets abordés en deux heures à 40 participants, dont 10 en visio, on ne voit pas très bien comment ils vont faire", raconte la professionnelle.
Les collectifs, les syndicats souhaitent des réouvertures de lits à l’hôpital, des embauches et des hausses de salaires. Mais combien le gouvernement est-il prêt à mettre sur la table ? Les participants n'en ont aucune idée. Alors au lieu de continuer à refaire les constats une énième fois en réunion, Mireille Stivala, de la CGT, demande maintenant la présence d’un ministre dans les discussions : "A minima, le ministre des Solidarités et de la Santé ou un autre ministre, qui a les cordons de la bourse, pour justement dire ce qu'il en est, en tout cas en termes de financement prévu dans le cadre de ce Ségur. Pour l'instant, c'est une grande inconnue."
Ce gouvernement consulte, mais on ne sait pas finalement quelle enveloppe budgétaire il va dédier à cette grande concertation/négociation du Ségur de la santé.
Mireille Stivala, de la CGTà franceinfo
Pour peser auprès du gouvernement sur le montant de cette enveloppe, les collectifs et syndicats de santé espèrent qu’après avoir applaudi les soignants pendant l’épidémie, de nombreux Français vont les soutenir dans la rue.
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