"On n'a plus le temps de prendre le temps" : les soignants du Val-de-Marne dénoncent leurs conditions de travail
Alors qu'une journée d'action est prévue par les syndicats de l'AP-HP, vendredi, le personnel hospitalier du Val-de-Marne se mobilise. À l'hôpital Émile Roux, 150 lits vont être supprimés, mais les soignants réclament, eux, des effectifs supplémentaires.
Après les services d'urgence, c'est l'ensemble du personnel de l'assistance publique hopitaux de Paris qui est appelé à la grève vendredi 19 avril. Huit syndicats (CGT, Sud, FO, CFDT, CFTC, CFE CGC, UNSA, SMPS) ont signé le préavis, une première depuis 2015. Une journée d'action pour demander plus de moyens financiers et humains, des hausses de salaires et l'amélioration des conditions de travail. Les syndicats appellent notamment à une manifestation devant le siège de l'AP-HP à 9 heures vendredi, pendant que se tient une réunion du conseil de surveillance.
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Un soignant pour 40 patients
À Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), on manifestait déjà jeudi 18 avril. "On ne brade pas la santé, sauvons l'hôpital", pouvait-on lire sur les banderoles accrochés aux grilles de l'hôpital Émile Roux. Cent-cinquante lits vont être supprimés au service de gériatrie, alors les soignants se mobilisent parce que ce qu'il faut, selon eux, ce ne sont pas des lits en moins, mais du personnel en plus.
"Je pense à l'après-midi, en particulier quand on est seul pour 40 patients", explique Ludivine, infirmière à l'hôpital Émile Roux depuis quinze ans. "Quand on a une demande d'une famille ou des gens qui sont sur le point de mourir en soins palliatifs, on n'a plus le temps de prendre le temps", déplore-t-elle.
Il faudrait s'asseoir, parler avec la famille, faire des soins de qualité aux patients, on est pressé, pressé, pressé
Ludivine, infirmière
Georges fait le même constat. Cet infirmier à domicile visite les malades suivis par l'AP-HP. "On conduit plus vite, on passe moins de temps chez le patient, parce qu'on n'a pas le temps, donc la qualité des soins se détériore", souligne-t-il.
"Soignants, aides-ménagères, on est tout !"
Récurrente aussi, la question des salaires : après treize ans de bons et loyaux services en gériatrie, Linda, aide-soignante gagne 1 600 euros par mois, pour s'occuper de malades d'Alzheimer : "1 600 euros le mois pour le travail fourni dans une journée, c'est peu. Et c'est là où on a besoin le plus d'efforts, parce qu'on ne peut pas laisser les patients agités ou sales", déplore l'aide-soignante.
"Ils reviennent à la petite enfance, ils font des selles partout, ils urinent partout, il faut les éduquer pour qu'ils puissent garder leur autonomie et en même temps il faut nettoyer. Soignants, aides-ménagères, on est tout !", s'emporte-t-elle. Des conditions de travail et de rémunération qui font douter les personnels : "Ce n'est pas évident", explique une soignante. "Moi j'ai pas mal de nouvelles collègues qui viennent d'avoir leur diplômes qui ont déjà envie de partir". Georges, lui, se voit parti dans un ou deux ans.
C'est trop dur psychologiquement. Quand on rentre le soir à la maison, on n'arrive pas à décrocher pour remettre les batteries en charge. On n'en peut plus !
Georges, soignant
Des agents qui partent, et peu qui arrivent, de l'aveu de la direction elle-même, de nombreux postes sont vacants à l'AP-HP. Le préavis prend fin samedi 20 avril à 7 heures. Pas d'incidence à prévoir sur l'accueil dans les hôpitaux car le service minimum obligatoire est en place.
Jeudi 18 avril sur franceinfo, Martin Hirsch a fait des annonces, pour les urgences spécifiquement : 60 postes supplémentaires, hausse des effectifs s'il y a hausse du trafic dans les services, et augmentation de la prime de dangerosité pour les urgentistes.
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