Incidents à la Pitié-Salpêtrière : "La discussion n'était pas possible", raconte la directrice de l'hôpital
La directrice de la Pitié-Salpêtrière a témoigné sur franceinfo mercredi, après que des manifestants ont essayé de forcer la porte du service de réanimation chirurgicale.
En marge du défilé du 1er-Mai, à Paris mercredi, des manifestants se sont introduits dans l'enceinte de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. "Avec les agents de sécurité, j'ai essayé de discuter avec eux, pour leur faire part du fait que c'était un hôpital et qu'on ne pouvait pas y rentrer de cette façon-là et pénétrer en masse dans les locaux", a raconté à franceinfo Marie-Anne Ruder, directrice de l'hôpital. "La discussion n'était pas possible, avec une certaine agressivité et violence verbale de la part de certaines des personnes qui étaient là".
"Le dispositif de sécurité m'a prévenue vers 16 heures que des manifestants essayaient de forcer la grille. Quand je suis arrivée, les chaînes avaient cassé et des dizaines de personnes se sont introduites à ce moment-là dans l'hôpital", se souvient la directrice qui décrit "des gens en civil, des gilets jaunes et des gens masqués donc de type black blocs". Une fois dans l'enceinte de l'hôpital, les manifestants "ont tenté de pénétrer dans le service de réanimation", poursuit Marie-Anne Ruder.
Une trentaine de personnes ont essayé de forcer la porte. Le personnel, de manière exemplaire, a maintenu la porte fermée car c'était un accès direct aux chambres des patients.
Marie-Anne Ruderà franceinfo
"Fort heureusement, ils ont réussi à empêcher l'intrusion dans le service et la police est arrivée à ce moment-là, permettant de revenir à une situation maîtrisée", précise-t-elle. "En tant que personnel hospitalier, on a été choqué et à titre personnel c'est extrêmement choquant qu'un hôpital public peut être une cible pour des casseurs", a conclu la directrice de l'établissement, membre de l'AP-HP.
"On a essayé de protéger notre réa, on a fait ce qu'on a pu"
"La vie des patients aurait pu être en danger", témoigne de son côté Michaël Sebban, interne de réanimation. "Il y a cinquante personnes qui disent 'Ouvrez la porte, ouvrez la porte'. Nous on leur répond 'Non, c'est une réanimation, on ne peut pas vous faire entrer, c'est impossible'. On essaie de bloquer la porte tant bien que mal, mais des personnes essaient de pousser. Ça a duré moins de cinq minutes, on a essayé d'empêcher les gens d'entrer dans la réanimation. On a essayé de protéger notre réa, on a fait ce qu'on a pu", raconte l'interne, qui se trouvait derrière la porte menant au service de réanimation.
"Heureusement qu'il ne s'est pas passé de choses graves. En réanimation, on a des patients intubés et ventilés, des patients dans des états assez critiques. Le fait qu'il y ait des individus dans l'hôpital et dans ce service, je pense que la vie des patients aurait pu être en danger." Son directeur, Martin Hirsch, a annoncé le dépôt d'une plainte après cette intrusion.
"On a vu une foule courir vers nous en stress"
Un infirmier de ce même service de réanimation relativise le danger représenté par les manifestants : "C'était plus un état de panique, la peur de se faire taper, de recevoir quelque chose de la police, qu'une attaque. Au final, tout s'est passé très calmement", affirme Jerôme Lecrecq. Il raconte : "On a vu une foule courir vers nous, en stress, et monter les marches tranquillement. C'est là que nous avons décidé de fermer les portes. Il y en a quelques-uns qui ont essayé d'ouvrir mais après ça a été plutôt calme parce que les gens ont compris qu'ils tombaient dans un service de réanimation et qu'ils ne pouvaient pas entrer tous comme ça. Donc ils ont préféré calmer les choses".
Ensuite, "la police est intervenue, à son tour très calmement. Ils ont fait descendre très calmement les gens".
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