Fermeture des urgences pédiatriques de Saint-Denis : "Les collègues étaient en pleurs tous les jours", explique une syndicaliste
"Il y a un vrai problème de création de postes, en fait, à la fois d'auxiliaires de puériculture et de brancardiers", explique Muriel Signor qui pointe que le problème perdure depuis des années, causé par les politiques d'austérité.
"Les collègues étaient en pleurs tous les jours, on ne peut pas travailler comme ça", déplore mercredi 5 janvier sur franceinfo Muriel Signor, déléguée syndicale Sud au centre hospitalier Delafontaine à Saint-Denis, dont les urgences pédiatriques ont fermé en début de semaine. Elles n'assurent plus qu'une permanence pour accueillir les personnes qui s'y rendent tout de même.
franceinfo : Pourquoi les urgences pédiatriques du centre hospitalier de Seine-Denis ont-elles fermé ?
Muriel Signor : Il y a un épuisement psychique. Celle année, ça a été très fort, on subit le Covid-19, avec aussi une période d'épidémie de bronchiolite qui a été extrêmement forte. Mais la situation des urgences pédiatriques, c'est, au niveau national, un peu la même tous les hivers. À chaque fois, c'est à flux tendu, on entend parler de transferts à des centaines de kilomètres. Il y a un vrai problème de création de postes, en fait, à la fois d'auxiliaires de puériculture et de brancardiers. Ces créations n'ont pas eu lieu ces dernières années à cause de politiques d'austérité. Aujourd'hui, il y a beaucoup d'arrêts maladie. Il y a un épuisement psychique extrêmement important. Il y a un mouvement de grève qui avait commencé en décembre pour dénoncer ça. Ce sont des collègues qui, au travail, finissent en pleurs à cause du stress, parce qu'elles ne peuvent plus assumer la charge de travail, même avec les effectifs pleins.
"Elles ont peur de mal faire leur travail et que cela ait des conséquences dramatiques."
Muriel Signor, déléguée syndicale Sud au centre hospitalier de Saint-Denisà franceinfo
Par le mouvement de grève, elles essayaient de dire qu'elles avaient vraiment besoin de moyens pour pouvoir assurer des soins de qualité, l'accompagnement des parents, il y a des tas de choses. Tout le temps relationnel n'est même plus possible. Il y avait une demande de soutien, de renforts. Ils ne sont pas arrivés, ne serait-ce que pour aider aussi à une vigilance, à plus de présence.
Cette fermeture était la seule solution ? Elle met beaucoup de familles en difficulté ?
C'est une situation dramatique, que personne ne souhaite. Bien sûr que tout le monde souhaite que les urgences pédiatriques puissent rouvrir au centre hospitalier de Saint-Denis. Mais les collègues étaient en pleurs tous les jours, on ne peut pas travailler comme ça. Il y avait la nécessité de création de deux postes d'infirmiers H24 supplémentaires, de deux postes d'auxiliaires de puériculture H24, 7 jours sur 7, et d'un poste de brancardier H24, 7 jours sur 7. Pour l'instant, il n'y a rien eu, sachant que ce sont des choses qui sont demandées depuis plusieurs années.
Une journée normale, les urgences pédiatriques reçoivent une centaine de patients. Combien de personnels soignants sont présents pour s'occuper d'eux ?
Le jour, il y a quatre infirmières et deux auxiliaires de puériculture et, la nuit, trois infirmières et une auxiliaire de puériculture. Les soins deviennent plus précis, plus techniques, et c'est bien, il existe des moyens de soigner, mais on n'a pas les moyens humains de le faire. Cela se fait au détriment des équipes sur le terrain qui sont à bout et qui, en plus, voient les choses s'aggraver d'hiver en hiver. On a le problème de la saisonnalité aussi. Au lieu de mettre des effectifs sur toute l'année, on ne met des renforts qu'au moment de l'épidémie de bronchiolite et donc forcément, après, on a des difficultés à recruter du personnel. Et ce personnel fait des soins spécifiques, ce n'est pas n'importe quelle infirmière qui peut aller aux urgences pédiatriques ni n'importe quelle auxiliaire de puériculture.
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