Plus de 40% des étudiants hospitaliers ont déjà pensé à arrêter leurs études pour des raisons financières, selon une étude

L'Association nationale des étudiants en médecine de France a réalisé une étude sur la situation financière de ces étudiants, dévoilée en début de semaine. Il en ressort que plus de la moitié de ces jeunes ne mangent pas à leur faim à cause de difficultés financières.
Article rédigé par franceinfo
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Des étudiants en médecine de l'Université de Picardie Jules Verne, à Amiens. (FRED HASLIN / MAXPPP)

37% des étudiants en médecine, et 42% des étudiants hospitaliers ont déjà pensé à arrêter leurs études pour des raisons financières, selon une étude de l'Association nationale des étudiants en médecine en France, que dévoile mercredi 4 octobre France Inter. Face à l'inflation générale, l'Anemf veut alerter sur la précarité financière de ces étudiants en médecine. L'association estime que le coût de la rentrée 2023 "s'élève à plus de 4 400 euros pour les étudiants entrant dans le deuxième cycle des études médicales, soit une élévation de 8,15% par rapport à la rentrée 2022".

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Selon l'Anemf, un étudiant en médecine sur deux a déjà été à découvert bancaire pendant l'année (48%) et cela grimpe jusqu'à 54% des étudiants hospitaliers. "52% des étudiants hospitaliers considèrent être confrontés à des difficultés financières" et seulement "45% considèrent avoir assez d'argent pour couvrir leurs besoins mensuels".

Ces difficultés financières forcent 55% des étudiants à ne pas manger à leur faim, un indicateur en hausse de 12 points par rapport à 2019, date de la précédente enquête. Ils sont même 41% à sauter au moins un repas par mois pour des raisons financières. À cela s'ajoute le logement : "29% ont des difficultés à payer leur loyer", cela concerne même "32% des étudiants hospitaliers".

Julie Le Saux, vice-présidente de l'Anemf, décrit ainsi la situation de certains de ses amis qui "doivent cumuler les jobs étudiants pour pouvoir arrondir leur fin de mois" . Elle alerte également sur le nombre important, selon elle, d'apprentis-médecins qui "sautent des repas ou qui renoncent à des produits d'hygiène ou de santé" par manque de moyens financiers. Pour faire des économies, 80% des étudiants indiquent avoir déjà éteint leur chauffage, "chiffre en augmentation de 30% par rapport à l'enquête de 2019".

La vice-présidente de l'Anemf accuse également certaines entreprises qui donnent des cours de soutien aux étudiants de gonfler leurs prix. "Ces organismes de préparation privés sont souvent à des tarifs exorbitants et profitent du contexte de l'inflation pour augmenter encore plus leurs tarifs", dénonce Julie Le Saux. L'association dresse une liste non exhaustive des frais dont doivent s'acquitter les étudiants en médecine en dehors des dépenses habituelles de la vie étudiante : "achat des référentiels de connaissances, inscriptions très fréquentes à des organismes de préparations privés afin de tenter de compenser les lacunes dans la formation des différentes facultés, frais engendrés par les stages sur les territoires, dépenses liées à la formation en alternance à l'hôpital de l'étudiant hospitalier".

Des revalorisations salariales réclamées par l'Anemf

Cette situation entraîne une certaine anxiété chez les étudiants. "58% des étudiants hospitaliers" affirment se sentir anxieux vis-à-vis de leur situation financière. Au total, 64,7% des étudiants en médecine ne recommandent pas leurs propres études, à cause de leur situation financière, mais aussi en raison de leurs conditions d'études et du déroulement de leurs stages.

L'Association nationale des étudiants en médecine de France appelle à des mesures urgentes. "Il est grand temps de prendre soin de nos futurs soignants et d'agir avant que les étudiants n'abandonnent en masse la médecine", lance-t-elle dans son enquête. Elle réclame notamment une revalorisation salariale des carabins, des gardes notamment de nuit. Actuellement, entre la quatrième et la sixième année de médecine, les revenus des apprentis-médecins oscillent entre 270 et 400 euros brut par mois, "une rémunération dérisoire" critiquée par l'Anemf. L'association plaide également pour une meilleure indemnité kilométrique pendant les stages et au versement des bourses pendant l'été.


Méthodologie
L'enquête précarité de l'Anemf a été réalisée à travers un questionnaire en ligne, diffusé "parmi les étudiants par le biais des réseaux sociaux et à travers les canaux de communication classiques des associations et élus locaux" du 17 janvier au 27 juin 2023. 5 840 ont répondu à ce sondage.

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