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"Je ne vois aucune différence de mon côté" : des familles dubitatives quant aux moyens promis pour scolariser les enfants handicapés

Présenté jeudi 29 août, le "grand service public de l'école inclusive" prévoit notamment davantage d'accompagnants pour les élèves en situation de handicap. Mais à quelques jours de la rentrée, familles et professionnels sont sceptiques.

Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une classe aménagée pour des enfants malades ou handicapés à l'institut Pierre de Palavas, le 13 septembre 2016. (ALEX BAILLAUD / MAXPPP)

"Cela me fait sourire, car je ne vois aucune différence de mon côté. Mon fils sera toujours aussi peu scolarisé cette année, comme les années précédentes, c'est-à-dire deux fois trois heures par semaine", explique Nathalie, mère d'un garçon de 12 ans qui souffre d'une forme d'autisme en Île-de-France.

Elle a bien du mal à croire à la réalité du "grand service public de l'école inclusive", officiellement présenté par le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer et la secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel jeudi 29 août 2019.

4 500 accompagnants supplémentaires

Le gouvernement assure avoir mis les moyens, avec des cellules d'écoute téléphonique pour les familles, mais aussi du personnel supplémentaire : 4 500 accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) supplémentaires ont été recrutés. "On peut résumer ce que ça représente au travers d'une formule : avant, tu attendais d'avoir un AESH pour aller à l'école. Désormais tu vas à l'école, un AESH t'attend", affirme Jean-Michel Blanquer.

Si les ministres se félicitent que l'école accueillera cette année 23 500 enfants handicapés supplémentaires (soit 360 000 jeunes scolarisés au total), sur le terrain, les familles et les professionnels ne se montrent pas si optimistes.

La Maison départementale des personnes en situation de handicap a préconisé une scolarisation à temps complet pour mon fils. En vrai, il sera scolarisé six heures par semaine.

Nathalie, mère d'un enfant en situation de handicap

à franceinfo

Même constat pour Alexandra, près de Nantes. Cette année encore, son petit garçon de six ans ne sera pas scolarisé à temps plein, elle ne voit aucun changement pour cette rentrée 2019. "La rentrée se fait dans une école qui n'est pas adaptée, avec du matériel qui n'est pas adapté, avec des accompagnants qui ne sont pas formés non plus. Pour nous, ça va être la même galère. On n'a pas de nouvelles sur ce qui se passe à partir de lundi, on n'a toujours pas de certitude pour les jours où notre fils va être scolarisé. A quelques jours de la rentrée, cela rend impossible l'organisation pour la garde à côté".

Des professionnels sans affectation

Si les familles sont inquiètes les professionnels le sont aussi. Sans information sur l'école dans laquelle ils vont travailler, à l'instar d'Emilie, accompagnante d'élèves handicapés à Paris depuis 14 ans. "Je ne sais toujours pas où je vais être, à quelques jours de la rentée", explique-t-elle.

Je ne me suis jamais retrouvée dans une situation pareille. La pré-rentrée c'est vendredi matin et je n'ai toujours aucune nouvelle

Émilie, accompagnante d'élèves handicapés

à franceinfo

"Quand on sait à l'avance, généralement c'est au mois de juin, on sait un peu près où on va être affecté, on peut parler avec l'enseignant avec qui on va travailler toute l'année, voir comment on va pouvoir accompagner l'enfant au mieux. Évidemment là je ne peux pas le faire sans être au courant de ma future affectation ", se désole l'accompagnante. Reste à savoir si ces inquiétudes seront dissipées une fois la rentrée passée. Le gouvernement promet notamment une rencontre entre accompagnants et familles dans chaque école, dès le mois de septembre.

Le reportage d'Alexis Morel

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