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"Je ne pouvais plus parler, plus bouger" : un rescapé de l'essai thérapeutique de Rennes charge le laboratoire Biotrial

Six personnes qui testaient une molécule au centre de recherche Biotrial ont été hosptialisées en janvier et l'une d'entre-elles est morte.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le laboratoire Biotrial, à Rennes (Ille-et-Vilaine), le 15 janvier 2016. (KEVIN NIGLAUT / AFP)

"Pour [les médecins], je suis vraiment un miraculé" : pour la première fois, un des participants à l'essai thérapeutique de Rennes (Ille-et-Vilaine) témoigne. Il faisait partie des six personnes hospitalisées en janvier, dont l'une est morte. Interrogé par Le Maine Libre, lundi 29 février, Stéphane, 42 ans, critique le laboratoire Biotrial, responsable de l'essai, et raconte son calvaire.

Le 11 janvier, quatre jours après avoir commencé à prendre le médicament, "j'ai eu les premiers maux de tête", explique-t-il. Un premier patient, celui qui n'a pas survécu, avait été hospitalisé la veille. "Le lendemain, ça n'allait plus. J'avais encore plus mal à la tête, et c'était noir sous mes paupières", dit-il. Prévenus, les médecins ne lui donnent que du Doliprane et une poche de glace.

Un mois après, Stéphane voit toujours double

"Le 13, quand je me suis levé, j'avais des étourdissements, je ne voyais plus rien", se souvient le patient. "J'ai voulu prendre une douche et je n'y arrivais pas. Quand j'ai voulu ranger mes affaires dans le vestiaire, je suis tombé." Il est alors transféré au CHU de Rennes, où l'IRM révèle "des taches de sang et des traces blanches dans mon cerveau""Je ne pouvais plus parler, plus bouger, plus m'asseoir...", raconte Stéphane.

Après deux jours à tester un premier traitement, les médecins en expérimentent un second, à "titre exploratoire", et son état s'améliore. "Les médecins étaient étonnés, dit-il. Ils ne me voyaient pas remarcher ou parler." Un mois plus tard, Stéphane voit toujours double et est victime de malaises s'il reste "plus de dix minutes debout". Les médecins espèrent que son état s'améliore "dans six mois ou un an", "mais ils ne sont pas sûrs", affirme le patient.

"Ils ont fait des erreurs"

Stéphane confie au Maine Libre sa "colère" contre les responsables de Biotrial, qui ne se jugent pas responsables du décès : "Ils ont fait des erreurs. Pourquoi a-t-on pris le traitement un jour de plus, alors que la première victime était déjà hospitalisée ?" Cette décision est un des trois "manquements majeurs" relevés par un pré-rapport de l'Igas sur l'incident, début février.

Le patient de 42 ans, qui avait déjà participé à un essai thérapeutique pour Biotrial, estime également qu'il aurait dû être informé de la mort d'animaux lors de tests préliminaires à l'essai clinique du médicament : "Si j'avais su que des chiens étaient morts, je n'aurais pas risqué ma vie pour 1 900 euros". L'Agence du médicament a jugé que cet incident ne remettait pas en cause la tenue de l'essai.

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