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Trois questions sur la contamination des huîtres au virus de la gastro-entérite

Des "norovirus" ont été détectés dans certains bassins d'huîtres. Les ostréiculteurs réclament un plan Marshall pour l'assainissement des eaux urbaines.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des caisses d'huîtres, le 29 novembre 2019, à Cancale (Morbihan). (DAMIEN MEYER / AFP)

Coup dur pour les ostréiculteurs. Plusieurs sites de production ont été mis à l'arrêt, depuis une dizaine de jours, en Bretagne et en Charente-Maritime, en raison d'une contamination des huîtres au virus de la gastro-entérite. Franceinfo revient sur ce que l'on sait de la situation. 

D'où vient la contamination ?

Les huîtres "ne sont pas malades", mais porteuses d'un "norovirus" qui "provient de l'homme", explique Renan Henry, l'un des responsables du Comité de survie des ostréiculteurs. Ce norovirus est la cause la plus fréquente de la gastro-entérite. Il s'agit d'une crise passagère, selon le préfet du Morbihan, Patrice Faure, liée à plusieurs facteurs. L'épidémie de gastro-entérite est favorisée par les températures basses et de fortes pluies qui ont duré, "avec des eaux de ruissellement qui ont alimenté les stations d'épuration et les systèmes d'assainissement non-collectifs, occasionnant parfois des débordements dans les rivières".

Autrement dit, des matières fécales pourraient avoir contaminé les huîtres. "Quand il y a beaucoup de pluie, les stations d'épuration peuvent être débordées", explique à France 2 Vincent Thibault, chef du service de virologie au CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine). Ceci peut engendrer un "relargage en quantité anormalement élevée de virus dans les eaux usées qui vont se retrouver au sein des parcs à huîtres". Pour Annie Aubier, vice-présidente du Comité régional de la conchyliculture (CRC) de Poitou-Charentes, "ce sont les humains qui contaminent les huîtres, et pas l'inverse".

Quelles sont les zones touchées ?

La préfecture de Charente-Maritime a pris, mardi soir, un arrêté interdisant la commercialisation des huîtres affinées en claires, dans deux zones du bassin de Marennes-Oléron, après la contamination d'huîtres au norovirus. "Cette contamination étant susceptible d'entraîner un risque pour la santé humaine, le préfet a pris un arrêté interdisant la pêche maritime et professionnelle, le ramassage, le transfert de coquillages de taille marchande, l'expédition et la commercialisation de toutes les espèces de coquillage en provenance" de ces deux secteurs, a expliqué la préfecture dans un communiqué.

Selon Daniel Coirier, président du CRC de Poitou-Charentes, "90 entreprises" sont affectées par des fermetures. "Pour le moment, seules les huîtres affinées à terre sont concernées, pas les parcs en mer", précise Laurent Chiron, président du Groupement qualité huîtres Marennes-Oléron.

La semaine précédente, plusieurs bassins de production de coquillages ont été mis à l'arrêt dans le Morbihan, où des "cas humains groupés" de maladie ont été détectés après la consommation d'huîtres, et dans la baie du Mont-Saint-Michel. D'autres analyses sont en cours et pourraient entraîner de nouvelles interdictions de commercialisation dans les prochains jours. 

Que réclament les ostréiculteurs ?

Les producteurs d'huîtres réclament un plan d'aides en matière d'assainissement urbain. Ils ont d'ailleurs manifesté, mercredi, à Auray (Morbihan) pour demander aux autorités de prendre des mesures. "On demande un vrai plan Marshall au niveau de l'assainissement, car ça fait quatre ans que ça dure" et que les ostréiculteurs sont confrontés de manière récurrente à ce type de problème, déclare Renan Henry. "L'équation est connue : épidémie de gastro + pluie + stations d'épuration qui saturent = coquillages malades. Pourtant, les solutions existent, aux élus de les appliquer", écrit l'association Eau et rivières de Bretagne dans un communiqué.

Les ostréiculteurs ont été reçus par le préfet du Morbihan et doivent l'être, vendredi 10 janvier, au ministère de l'Agriculture à Paris. "Il va falloir que ça débouche sur quelque chose, sinon, on va crever", estime Renan Henry. "On ne sait pas si on est fermés pour 15 jours ou pour un mois, ça dépend du résultat des analyses. J'ai dû rappeler des lots qui étaient déjà expédiés. J'ai des gros clients depuis des années, mais quand il va falloir renouveler les contrats, peut-être que je vais les perdre parce que je n'ai pas pu leur assurer l'approvisionnement prévu. On perd la confiance."

Dans une pétition lancée le 1er janvier, l'Alliance ostréicole du Morbihan réclame une "indemnisation substantielle de tous les ostréiculteurs", mettant en cause l'Etat, "incapable de protéger le littoral", et les collectivités locales. "Les élus du Morbihan se gargarisent d'accueillir toujours plus d'habitants et de touristes, signant des permis de construire à tour de bras, tout en oubliant de veiller à la gestion des rejets humains et de l'assainissement."

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