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Loi anti-gaspillage : "On ne peut pas laisser supposer que les pauvres et les précaires n'auraient que les restes pour vivre", alerte le Secours populaire

A partir du 1er janvier 2022, les entreprises ont l'interdiction de détruire leurs invendus non-alimentaires et doivent les recycler ou les donner. Mais cette mesure ne satisfait pas entièrement Thierry Robert, secrétaire national du Secours populaire.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une plateforme de tri de vêtements pour les recycler ou les réutiliser. Illustration (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

"On ne peut que se féliciter que ce qui est encore consommable n'aille pas dans les déchetteries", a souligné samedi 1er janvier sur franceinfo Thierry Robert, le secrétaire national du Secours populaire, alors que les producteurs et distributeurs de produits non alimentaires ont, depuis ce 1er janvier, l’interdiction de détruire leurs invendus afin de lutter contre le gaspillage alimentaire. Mais Thierry Robert estime que l'on "ne peut pas non plus laisser supposer que les pauvres et les précaires n'auraient que les restes pour vivre". Le Secours populaire "préserve la dignité des personnes", rappelle son secrétaire national. S'il accueille favorablement la mesure, il rappelle que la récupération a "une incidence financière" pour l'association. "On ne le prend que si nous sommes en capacité de le gérer." Le Secours populaire a "toujours besoin de plus de monde pour mettre en œuvre cette solidarité".

franceinfo : Cette interdiction pour les producteurs et pour les distributeurs de jeter tous les invendus va-t-elle vous permettre de récupérer plus de biens qui vont être utiles à vos bénéficiaires ?

Thierry Robert : On ne peut que se féliciter que ce qui est encore consommable n'aille pas dans les déchetteries. C'est un avantage et quelque chose de très positif. En même temps, il faut bien prendre en considération que nous sommes une association de solidarité qui préserve la dignité des personnes. Et on ne peut pas non plus laisser supposer que les pauvres et les précaires n'auraient que les restes pour vivre. Il nous semble important de souligner cet état de fait. Nous récupérons depuis plusieurs années déjà des produits alimentaires, mais nous développons aussi une aide de qualité avec les producteurs locaux depuis plusieurs mois pour l'accès à des produits frais sur le plan alimentaire. Il en est de même pour les produits hors alimentaire, ce que nous avons fait au moment des fêtes d'années de fin d'année, en permettant aux enfants d'avoir des jouets neufs. On ne peut pas être dans la pauvreté et seulement avoir ce que les autres ne veulent plus.

Quels biens vous attendez-vous à recevoir ?

Nous ne sommes pas là pour récupérer des choses dont les familles n'auraient pas besoin. Mais tout ce qui peut être utile pour une famille qui n'a pas les moyens de s'acheter à la fois des produits de loisirs, des vêtements, des produits d'hygiène, ou même du mobilier ou des choses de la vie courante, sont bien sûr les bienvenus. Ce qu'il faut bien entendre, c'est que cette démarche est défiscalisable pour les entreprises qui donnent. Et nous sommes reconnus d'utilité publique. Et tout ce travail nécessite aussi une traçabilité et une gestion logistique des transports, des formations pour les personnes bénévoles. Et tout cela aussi a un coût pour nous. Donner, cela a aussi une incidence financière qui nécessite des campagnes de collectes financières.

Est-ce que la filière de récupération est déjà organisée et prête et que tout va pouvoir se faire assez rapidement ?

Quand la loi sur l'alimentaire est passée, nous étions déjà depuis plusieurs années dans une démarche de volontariat pour récupérer des produits alimentaires. Et là, de la même façon, nous récupérons depuis des années et des années des produits non alimentaires qui nous sont donnés par la grande distribution ou par des entreprises diverses et variées. Nous avons 1 300 relais sur toute la France. Il est évident que, reposant sur le bénévolat, on ne peut le faire que là où l'action bénévole se développe. Et nous avons toujours besoin de plus de monde pour mettre en œuvre cette solidarité. Ce n'est pas pour nous quelque chose d'obligatoire à recevoir. On ne le prend que si nous sommes en capacité de le gérer, de le tracer, de les donner dans des bonnes conditions de dignité des personnes qui nous aident et que ce soit pour elles utile.

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