"L'air le plus propre du monde" se respire en Tasmanie
La péninsule du cap Grim, un coin venteux et isolé, est devenu une référence pour l'air propre.
Alors qu'une grande partie de la planète étouffe sous la pollution, il existe un endroit où l'on peut respirer l'air le plus pur sur Terre, préservé des particules fines. C'est la péninsule du cap Grim, sur l'île australienne de Tasmanie, rapporte lundi 18 mars l'AFP. Un endroit isolé en plein océan Austral : vers l'ouest, la masse terrestre la plus proche est l'Argentine. En direction du sud, il n'y a rien à part l'Antarctique. Un isolement qui en fait le lieu parfait pour collecter ce que beaucoup considèrent comme
Depuis 1976, ce bout de terre sauvage accueille la Station de mesure de la pollution du cap Grim, une infrastructure publique australienne chargée de la tâche à première vue improbable de mettre de l'air en bouteille. "Notre travail, c'est de trouver l'air le plus propre du monde et de mesurer son taux de pollution", explique à l'AFP Sam Cleland, l'officier responsable de la station perchée sur une falaise. Quand les Quarantièmes rugissants soufflent du sud-ouest, ils ne sont passés sur rien d'autre que la mer pendant des jours, voire des semaines. C'est à ce moment-là que Sam Cleland et son équipe prélèvent le cocktail de diazote, de dioxygène et d'autres composants de l'air ambiant.
Un niveau de pollution en augmentation
Malgré sa situation privilégiée, le cap n'échappe pas entièrement aux niveaux croissants de pollution. Quand le vent vient du nord, à savoir Melbourne ou Sydney, de l'autre côté du détroit de Bass, il est possible de détecter la signature chimique des différentes usines en activité ce jour-là, souligne Cleland. La station a pu mesurer une augmentation des gaz qui appauvrissent la couche d'ozone en provenance d'endroits aussi lointains que la Chine.
Même l'air pur venu du sud-ouest change rapidement. "On constate que durant les 2 000 dernières années, les niveaux de CO2 en particulier sont restés à des niveaux plutôt stables", dit Sam Cleland. Les carottes prélevées dans la glace polaire par les chercheurs montrent que les taux de CO2 dans l'atmosphère ont tourné autour de 275 parties par million (ppm) durant le plus clair du dernier million d'années. "Quand on a commencé à faire les mesures du CO2 ici en 1976, on en était déjà à 330 et aujourd'hui, on en est à 405", constate l'officier.
Ce seuil de 400 ppm a été franchi au début des années 2010, signe de l'insuffisance des politiques de protection de l'environnement menées de par le monde. Et les niveaux de dioxyde de carbone trouvés au cap Grim sont désormais similaires à ceux de certaines villes au début de la révolution industrielle, relève Cleland. "Ce qu'on voit aujourd'hui dans l'atmosphère est probablement sans précédent, au moins au cours du dernier million d'années", constate-t-il.
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