Des pesticides interdits présents dans des salades
Des contrôles sanitaires sont régulièrement réalisés sur les salades commercialisées en France, et des constats inquiétants fréquemment formulés par les agences, comme le rappelle l’ONG Générations futures :
"Le plan de surveillance de la DGCCRF (la direction de la répression des fraudes, NDLR ) publié en 2013 montre la présence de résidus de pesticides dans près de 58% des échantillons de salades testés. De plus, selon l’EFSA (l’autorité européenne de sécurité des aliments, NDLR) 36% des laitues contiennent même plusieurs résidus, de 2 à 13."
Générations futures note que plusieurs des résidus fréquemment trouvés par l’EFSA dans les laitues sont soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens. "Ces données inquiétantes nous ont conduits à vouloir en savoir plus sur la présence des pesticides dans des salades en France", explique-t-on à Générations Futures.
L’ONG a procédé à l’achat de 31 échantillons de salade dans des supermarchés de l’Oise et de la Somme (Picardie) entre le 28 mai et le 21 juillet 2015. Les légumes (29 d'origine française, les deux autres d'origine espagnole et italienne) ont été envoyés à un laboratoire agréé par la Direction générale de l’Alimentation du Ministère de l’agriculture.
Résultat des tests : huit salades sur dix (25/31) contiennent au moins un résidu de pesticide, et près de sept sur dix (21 /31) au moins un résidu soupçonné d’être un perturbateur endocrinien.
"Parmi les dix matières actives les plus fréquemment retrouvées, sept sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens", alerte l’ONG. Surtout, "cinq échantillons contiennent une ou plusieurs substances actives interdites (deux échantillons) ou interdites d’usage sur salade en France (trois échantillons)." Leur présence pourrait être liée à la persistance de ce produit toxique dans les sols.
Point rassurant : l'ONG n'a relevé "aucun dépassement des Limites Maximales Autorisées (LMR) dans les échantillons testés". Toutefois, l'ONG estime que "les LMR, pour de nombreux pesticides sur salades, sont très élevées".
"A titre d'exemple, la LMR du boscalid (une substance active fréquemment retrouvé dans les échantillons analysés dans le cadre de cette enquête) est de 30mg/kg sur la laitue alors que [...] la LMR du boscalid n'est que de 5mg/kg pour le poireau, de 2 mg/kg pour la carotte, de 0.5 mg/kg pour le seigle et même de 0.05 mg/kg pour l'asperge ! Dans ces conditions, il n'est pas très étonnant de voir assez rarement des taux de dépassement des LMR sur salades."
Mais le fait que les salades présentent souvent des traces de plusieurs pesticides pose une autre question : celle de l’effet cocktail, par lequel des molécules peu (ou pas) toxiques, prises isolément, peuvent présenter des effets délétères une fois associées dans l'organisme, même à faibles doses.
François Veillerette, porte-parole de Générations futures, lance une alerte. "[Nos] dirigeants [doivent] prendre des mesures immédiates et fortes pour réduire l’exposition des populations aux pesticides et particulièrement ceux suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. Nous attendons d’eux qu’ils forcent l’Europe à appliquer au plus vite les décisions prises dans le cadre du Règlement européen 1107/2009 interdisant la mise sur le marché des pesticides perturbateurs endocriniens."
"[La] présence de pesticides interdits en Europe ou sur la culture de la salade dans plus de 16% des échantillons testés est inacceptable", poursuit-il. "Là encore, nous attendons une action forte du gouvernement qui doit faire rapidement cesser cette situation, sur cette culture et sur toutes les autres."
En 2013, l'ONG avait déjà alerté les pouvoirs publics sur la présence de pesticides interdits dans des fraises.
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