Climat, pollution, malbouffe... La santé des enfants est menacée partout dans le monde, alerte l'ONU
Un rapport de l'ONU recommande aux gouvernement de s'attaquer "avec la plus grande urgence" aux émissions de CO2, de prendre en compte la voix des plus jeunes dans les décisions politiques et d'évaluer systématiquement les effets de ces décisions sur la santé infantile.
L'Organisation des Nations unies (ONU) s'inquiète pour les jeunes générations. Dans un rapport (lien en anglais) publié mercredi 19 février dans la revue médicale britannique The Lancet, un groupe de quarante experts indépendants en santé infantile du monde entier, convoqués par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Unicef, a estimé qu'aucun pays dans le monde ne protège l'avenir des enfants de façon satisfaisante.
Dérèglement climatique, malbouffe, marketing des fabricants de tabac... La santé des enfants fait partout face à une "menace immédiate", estiment-ils. Des avancées ont été réalisées au cours des vingt dernières années dans le domaine de la santé des enfants et des adolescents, mais "ces progrès sont aujourd'hui au point mort" voire "menacés", poursuivent les auteurs du rapport.
Pour parvenir à cette conclusion sévère, les chercheurs ont construit un nouvel indice mesurant la possibilité des enfants de s'épanouir, à partir des données de 180 pays (indicateurs de mortalité, d'état de santé, de nutrition, d'éducation...). Sans surprise, ce sont des pays riches qui arrivent en tête avec la Norvège en première position, suivie par la Corée du Sud, les Pays-Bas et la France. Inversement, le bas du classement est occupé par des pays d'Afrique subsaharienne : République centrafricaine, Tchad, Somalie et Niger.
La menace du réchauffement climatique
Mais les auteurs du rapport, intitulé "Un avenir pour les enfants du monde ?", mettent en regard de ce classement des mesures de "durabilité" (évolution des émissions de CO2, inégalités de revenus...) et soulignent que "si beaucoup de pays à hauts revenus ont un très bon score à l'index d'épanouissement, ils sont proches du bas du classement pour leur contribution à la durabilité écologique". Quant aux pays les plus pauvres, si leurs émissions de gaz à effet de serre sont parmi les plus faibles, "beaucoup sont exposés aux effets les plus sévères d'un changement climatique rapide".
Ainsi, seuls neufs pays sont à la fois en mesure d'atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 par habitant fixés pour 2030 tout en étant situés dans les 70 meilleurs scores pour l'index d'épanouissement : l'Albanie, l'Arménie, la Grenade, la Jordanie, la Moldavie, le Sri Lanka, la Tunisie, l'Uruguay et le Vietnam.
Parmi les menaces pesant sur la santé des générations futures, le rapport évoque en premier lieu la pollution de l'air et l'"intensification des menaces climatiques". Il recommande aux gouvernement de s'attaquer "avec la plus grande urgence" aux émissions de CO2, de prendre en compte la voix des plus jeunes dans les décisions politiques et d'évaluer systématiquement les effets de ces décisions sur la santé infantile. "Si le réchauffement climatique dépasse 4 °C d'ici 2100 comme le prévoient les projections actuelles, cela entraînera des conséquences sanitaires désastreuses pour les enfants, en raison de la hausse du niveau des océans, des vagues de chaleur, de la prolifération de maladies telles que le paludisme et la dengue, ainsi que de la malnutrition", prévient le rapport.
Mieux réguler le message des industriels
Les experts dénoncent aussi des "pratiques commerciales néfastes" pour la santé des enfants, exposés au marketing de marques d'aliments ultra-transformés, de boissons sucrées, d'alcool, de cigarettes électroniques ou de tabac.
De nombreuses études montrent que "l'autorégulation par les industriels ne fonctionne pas", souligne Anthony Costello, pédiatre et ancien directeur de l'Institute for Global Health (Royaume-Uni), évoquant l'exposition aux publicités pour l'alcool pendant les rencontres sportives et l'explosion de l'obésité infantile et adolescente, multipliée par onze entre 1975 et 2016.
Aussi, ils appellent les gouvernements nationaux à durcir leur réglementation en la matière.
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