Chlordécone : les Antillais attendent des réponses de l'État
Emmanuel Macron, en visite aux Antilles jeudi 27 septembre, est attendu sur le sujet du chlordécone. Ce pesticide ultra toxique a été utilisé massivement dans les bananeraies alors qu'il était classé cancérigène.
Depuis les années 1970, le chlordécone empoisonne les sols des Antilles. Cet insecticide, utilisé pendant vingt ans dans les bananeraies, a contaminé près de 95% de la population. La Martinique et la Guadeloupe détiennent désormais le record mondial du cancer de la prostate. Claude Jaffard, un ouvrier agricole, manipulait ce produit sans protection sans que personne ne l'avertisse du risque. Comme d'autres, il accuse maintenant l'État d'avoir autorisé cet insecticide.
"La logique du fric l'a emporté sur la logique sanitaire"
L'effet cancérogène du chlordécone est connu depuis quarante ans. Les États-Unis, eux, l'ont interdit dès 1976 tandis que la France a attendu 1990, mais avec une dérogation pour la monoculture de la banane aux Antilles jusqu'en 1993. "Les intérêts économiques... La logique du fric l'a emporté sur la logique sanitaire", dénonce Me Harry Durimel, l'avocat de victimes. Les agriculteurs demandent la reconnaissance de l'origine professionnelle de leur maladie et une indemnisation à l'État. Par ailleurs, une pétition soutenue par Béatrice Bellay, première secrétaire de la France insoumise en Martinique, demande le dépistage gratuit pour l'ensemble de la population, aujourd'hui facturé 140 €.
Des publications ont déjà démontré que le chlordécone provoque des naissances prématurées, des troubles du comportement et une très forte baisse des capacités intellectuelles. Des efforts sont aussi demandés pour garantir la sécurité alimentaire car localement, certains légumes, le poisson et la viande sont contaminés. Selon les scientifiques, il faudra 600 ans pour décontaminer le sol des Antilles.
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