"La parole s'est libérée il y a déjà quelques années. C'est l'écoute aujourd'hui qui se libère", a affirmé sur franceinfo Andréa Bescond, réalisatrice du film "Les chatouilles" et auteure du livre "Et si on se parlait", le petit livre pour aider les enfants à parler de tout. Les associations de lutte contre les violences sexuelles faites aux mineurs sont reçues ce lundi au ministère de la Justice. Ce week-end, Emmanuel Macron a promis une série de mesures pour lutter contre les violences sexuelles sur les enfants et s'est félicité que la parole des victimes se libère, en particulier sur l'inceste."On est bien en deçà de ce que l'on doit faire politiquement"Mais pour Andréa Bescond, ces annonces ne vont pas assez loin : "On voit toute une société interloquée face à ce fléau de 10 millions de victimes de violences sexuelles dans l'enfance en France. On espère une volonté politique à la hauteur. On est bien en deçà de ce que l'on doit faire politiquement et civilement."D'autant que selon l'auteur et réalisateur Patric Jean, la justice ne s'intéresse toujours pas aux incestes : "On classe 70% des plaintes", a-t-il affirmé sur franceinfo. Des violences représentatives d'un pénomène systémiqueLe réalisateur du documentaire "Domination masculine" affirme que les violences faites aux enfants et aux femmes ont toujours été minimisées : "Ces phénomènes sociaux commencent toujours par être réduits à des faits divers. Pour la violence conjugale, on parlait d'un type qui était brutal avec sa femme et on ne voyait pas qu'il était la représentation d'un phénomène systémique, c'est-à-dire qui fonctionne à l'échelle de la société. Les violences envers les enfants ce sont la même chose."Ces violences ont longtemps été considérées comme un droit archaïque des hommes à être propriétaires des corps des femmes et des enfants. Le droit français n'a reconnu le viol conjugal qu'en 1992. C'est ça qu'il faut remettre en question et c'est très compliquéPatric Jeansur franceinfoMais ce phénomène n'est pas nouveau, conclut le réalisateur : "Il y a des études qui en parlent depuis 20 ans, mais vous pouvez chercher des articles ou des reportages et vous verrez qu'il n'y en a pas. Cela n'intéressait personne. Aujourd'hui, la presse s'y intéresse mais la justice ne s'y intéresse toujours pas."