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La consommation d'antidépresseurs a augmenté de plus de 62% entre 2014 et 2021 chez les jeunes, selon un rapport

Le Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge demande de "renforcer considérablement les moyens structurels dédiés à la santé mentale de l’enfant" ainsi que la mise en place d'une "politique publique ambitieuse en la matière".
Article rédigé par franceinfo
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psychotropes (illustration). (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)

Les prescriptions de psychotropes explosent chez les enfants et les adolescents. C'est le constat que dresse lundi 13 mars le Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA) dans un rapport intitulé "Quand les enfants vont mal, comment les aider ?".

Entre 2014 et 2021, la consommation d'antipsychotiques chez les enfants a augmenté de 48,54%. Ce taux grime à 62,58% pour les antidépresseurs et à 155,48% pour les hypnotiques et les sédatifs. Le phénomène concerne des dizaines de milliers d'enfants. Le niveau de prescription de psychotropes concerne près de 5% de la population pédiatrique, soit un enfant sur vingt, précise le HCFEA.

Un enfant sur 20 concerné 

Le constat est préoccupant, d'autant que ces prescriptions se font souvent hors autorisation de mise sur le marché (AMM), les médicaments appropriés n’existant pas pour les enfants. Selon le rapport, c'est le cas pour 40% des prescriptions en ville, et pour 67 à 94% de celles délivrées à l’hôpital.

Le HCFEA dénonce un "effet ciseau" entre cette augmentation vertigineuse de la consommation de médicaments et la baisse de l'offre de soin en France. Le rapport note que "l’offre pédiatrique, pédopsychiatrique et médicosociale est en recul et ne permet plus d’accueillir dans des délais raisonnables les enfants et les familles". Faute de spécialistes, la majorité des consultations de l’enfant est réalisée par le médecin généraliste. "Seuls 30% des enfants sont reçus par un pédiatre, qui concentre sa patientèle sur les moins de 2 ans."

Offre de soin insuffisante 

Le Covid et les confinements successifs ont eu un effet délétère sur la santé des enfants. Les gestes suicidaires ou encore les sentiments d'angoisse sont en hausse. Le mal-être des enfants et adolescents est aussi accentué par un déficit de l'offre de soin en milieu scolaire, note le rapport. Les médecins et infirmiers scolaires ne peuvent plus assurer "leurs missions d’accueil et de suivi individuel de l’ensemble des enfants qui le demanderaient", explique le document. De son côté, la Protection maternelle et infantile (PMI) "ne peut plus non plus répondre de manière satisfaisante aux besoins des parents et des enfants pour ce qui relèverait de sa compétence". Et les consultations en centres médicaux pédagogiques (CMP) ont été divisées par quatre.

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Parmi les psychotropes les plus utilisés, le HCFEA s'inquiète particulièrement de la prescription pour des enfants, parfois avant l'âge de 6 ans, de médicaments dédiés aux adultes comme des antiparkinsoniens, des hypnotiques ou des antidépresseurs. L'étude relève aussi des co-prescriptions nombreuses et le non-respect des règles de prescription par des médecins spécialistes.

Le rapport pointe également l'existence d'une détermination scolaire et sociale quant à la prescription de médicaments psychostimulants chez l’enfant et l’adolescent en France. Les enfants les plus jeunes de leur classe ou issus des milieux défavorisés présentent des risques accrus de médication.

Les enfants défavorisés parmi les plus touchés 

"La santé et le bien-être mental des enfants est une préoccupation qui doit mobiliser toute la société. Tous les acteurs des champs de l’action éducative et sociale doivent y apporter une réponse", écrit le HCFEA. Le rapport entend proposer "des voies d’amélioration de ces accompagnements et prises en charge". Il plaide pour des psychothérapies plus adaptées, mais aussi un savoir-faire éducatif pour mieux accompagner et inclure l'enfant ainsi que des interventions sociales optimisées pour mieux prendre en compte les facteurs de risques et les troubles mentaux chez les enfants. 

"Le Haut conseil recommande de renforcer considérablement les moyens structurels dédiés à la santé mentale de l’enfant et au déploiement d’une politique publique ambitieuse en la matière, ce qui implique de renforcer les moyens de la pédopsychiatrie, mais également les moyens dédiés aux approches psychothérapeutiques, éducatives et sociales destinées à l’enfant et à la famille", conclut le rapport.

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