Crimes sexuels sur mineurs : selon Flavie Flament, le prolongement du délai de prescription est "applicable dès demain"
Flavie Flament propose de porter à 30 ans le délai de prescription des crimes sexuels sur mineurs. La mission qu'elle co-préside sur le sujet a publié ses recommandations lundi.
La ministre de l'Enfance et des Droits de femmes, Laurence Rossignol, a reçu ce lundi 10 avril un rapport qui propose de prolonger de dix ans le délai de prescription des crimes sexuels commis sur des mineurs. Il passerait de 20 à 30 ans. Ce rapport a été présenté par une mission co-présidée par Flavie Flament, qui a récemment révélé avoir été violée adolescente, et par le magistrat Jacques Calmettes. Interrogée sur franceinfo lundi, l'animatrice a affiché sa satisfaction.
Est-ce l’aboutissement d’un travail personnel ?
C’est l’aboutissement d’un travail collectif, autour de cette mission. Elle nous a permis de réunir des regards différents sur cette question : les délais de prescription des viols sexuels sur mineurs. On a décidé de décloisonner un débat qui était très clivé, avec les pour et les contre. À titre personnel, c’est une satisfaction car ces recommandations correspondent à mes besoins, mais également et surtout aux besoins des autres victimes aujourd’hui en France, qui sont privées de parole.
Pourquoi proposer un allongement de la durée de prescription et pas sa levée totale ?
Je me suis renseignée sur le droit français, je sais aujourd’hui que la recommandation de la mission d’un prolongement de 10 ans du délai de prescription est quelque chose de totalement applicable, dès demain en France. Mettre en avant l’imprescriptibilité dans ce cas précis, c’est revoir l’ensemble de l’architecture du droit français. On a préféré proposer un premier pas d’une façon pragmatique et applicable aujourd’hui, plutôt que de faire une proposition certes très tentante, mais utopique.
Vous vous adressez à un gouvernement qui va partir après le 6 mai, comment pouvez-vous être sûre que votre message sera entendu après la présidentielle ?
Parce qu’au moment où je vous parle, j’ai le dossier sous le bras. Je m’en empare, et je sais que d’autres vont s’en emparer aussi, notamment les associations. J’aimerais aussi que les citoyens s’en saisissent. On parle de plus en plus de cette question. Notre société attend des pouvoirs politiques un monde plus juste pour les enfants de demain. Moi je veux élever mes enfants dans un monde où ils seront toujours entendus. C’est notre mission à tous de s’emparer de ce dossier. Je n’ai jamais eu la prétention d’être le porte-voix des victimes. J’ai voulu faire entendre la mienne en me disant qu’elle devait être partagée par beaucoup d’autres. J’ai surtout saisi l’opportunité de faire entendre la voix des victimes à travers la mienne.
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