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Ebola : peut-on donner un médicament sans être sûr qu'il est efficace ?

Le comité d'éthique de l'Organisation mondiale de la santé s'est prononcé ce mardi en faveur de l'emploi de traitements non homologués pour tenter de lutter contre le virus Ebola qui a fait plus d'un millier de victimes en Afrique de l'Ouest. En l'occurrence, il s'agit d'administrer un sérum expérimental jamais testé sur l'homme avant cette épidémie.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Le virus Ebola qui a fait plus d'un millier de victimes en Afrique de l'Ouest © Maxppp)

"Devant les circonstances de l'épidémie et sous réserve que certaines conditions soient remplies, le comité a abouti au consensus estimant qu'il est éthique d'offrir des traitements non homologués dont l'efficacité n'est pas encore connue ainsi que les effets secondaires, comme traitement potentiel ou à titre préventif ".

 

Voilà donc les arguments avancés ce mardi par le comité d'éthique de l'Organisation mondiale de la santé pour autoriser des traitements expérimentaux pour tenter d'endiguer la propagation du virus Ebola en Afrique de l'Ouest. Les "sages" de l'OMS précisent que l'utilisation de ces traitements exige une liberté de choix et un respect du patient et du secret médical.

Feu vert mais...

Pour le moment, ce feu vert ne concerne que le sérum expérimental américain ZMapp, un cocktail de trois anticorps "monoclonaux" capables de reconnaître les cellules infectées par le virus. D'après le laboratoire Mapp, le sérum a permis de protéger à 100% des primates traités une heure après avoir été infectés par le virus Ebola.

 

Mais ce produit n'est pas homologué car rien n'indique qu'il est efficace ou inoffensive. Il a pourtant été testé pour la première fois sur les deux humanitaires américains infectés par Ebola, ainsi que sur le missionnaire espagnol décédé ce mardi.

 

Madrid avait permis ce traitement grâce à une loi qui permet "l'utilisation de médicaments non-autorisés dans les cas de patients dont la vie est en danger et qui ne peuvent être traités de manière satisfaisante avec un médicament autorisé ".

Nombre de doses limité

Sauf que tous les malades du virus ne vont pas pouvoir profiter de ce traitement. La firme américaine n'a pu fabriquer que 12 doses de son sérum. Deux médecins libériens devraient pouvoir en bénéficier dans le courant de la semaine, d'après Monrovia.

La quantité de sérum et le libre choix du patient posent donc problème, d'après Hervé Chneiweiss, président du comité d'éthique de l'Inserm.

Malgré tout, l'accord de Madrid, de Washington et donc de l'Organisation mondiale de la santé est un choix "logique et rationnel ", d'après Axel Kahn.

 

Pour le généticien, cet accord repose en fait sur "deux problèmes qu'il faut prendre en compte : il y a d'abord les textes qui indiquent que les essais sur l'homme peuvent être tentés à partir du moment où on a des arguments pour fonder la probable efficacité et innocuité du médicament. Et puis, il y a le traitement compassionnel. Quand des personnes sont atteintes de maladies tellement graves, elles sont demandeuses du médicament, même s'il n'a pas fait ses preuves ".

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