Addictologie : l'État est "défaillant en termes de politique préventive", estime une psychiatre spécialisée
Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre spécialisée en addictologie réagit sur franceinfo au rapport de l'OCDE sur la santé.
"Nous sommes défaillants en termes de politique préventive", a dénoncé vendredi 8 novembre sur franceinfo, Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre spécialisée en addictologie, après la publication d'un rapport de l'OCDE sur la santé. Selon cette étude, les Français fument trop, boivent trop et consomment trop d'antibiotiques.
Selon Fatma Bouvet de la Maisonneuve, le slogan "Les antibiotiques, c'est pas automatique" n'a "malheureusement pas bien marché." Par ailleurs, souligne-t-elle, "l'alcool et le tabac, ce sont des problèmes que nous soulignons depuis de nombreuses années".
11% des élèves de CM2 ont déjà consommé massivement de l'alcool
Elle note que "le tabac a été pris en considération davantage que l'alcool". "Pour l'alcool, il y a un grand blanc, poursuit-elle. Le dernier rapport de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les addictions a montré une sorte de désinvolture par rapport à la question de l'alcool." Elle rappelle que 11% des élèves de CM2 ont déjà consommé de l'alcool de façon massive.
La psychiatre dénonce aussi le comportement du président de la République en matière de vin. Emannuel Macron a en effet, à plusieurs reprises depuis le début de son mandat, fait l'éloge du vin. Opposé à tout durcissement de la loi Evin, il avait ainsi déclaré en février 2018 boire du vin "le midi et le soir". "Ça fait du mal, estime Fatma Bouvet de la Maisonneuve. C'est une façon de saboter tout ce que l'on fait régulièrement [...] Le président montre une désinvolture totale par rapport à cette consommation."
Les femmes, cibles privilégiées
Les femmes, selon elle, sont également une cible privilégiée du marketing de l'alcool : "Les produits, aujourd'hui, sont 'designés', les packagings sont pensés à l'intention des femmes. Et les femmes qui sont malades d'alcool ne sont pas du tout celles que l'on croit. Ce sont des femmes qui sont instruites, diplômées, qui ont des responsabilités importantes, et dont les complications sont bien plus importantes que celles que l'on retrouve chez les hommes."
Sur la question de la surconsommation d'antibiotiques, selon Fatma Bouvet de la Maisonneuve, les torts sont partagés : "Visiblement, la prescription est supérieure à ce qui est recommandé", estime-t-elle, même si "les patients font aussi pression."
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