Reportage "Ce n'est pas de la bobologie, c'est de la vraie médecine" : une jeune généraliste se lance dans un "tour de France des déserts médicaux"

Anaïs Werestchack, médecin généraliste, a entamé avec son compagnon un "tour de France des déserts médicaux" afin d'assurer des remplacements dans des zones rurales souvent délaissées par les jeunes médecins. Cette docteure décrit des patients souvent atteints de plusieurs pathologies et sans accès à la médecine.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Anaïs Werestchack, médecin généraliste, s'est donnée pour mission de faire un "tour de France des déserts médicaux". (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)

La probabilité était faible qu'une jeune médecin accepte de venir au mois de janvier en remplacement au Grand-Serre, 900 habitants, au cœur de la Drôme des collines, en remplacement d'une médecin généraliste partie souffler quelques semaines en vacances. Et pourtant, Anaïs Werestchack a postulé. "Je suis originaire d'Auvergne, j'ai une grande partie de ma famille en Corrèze, dans le Limousin, où la situation est vraiment catastrophique donc forcément on est sensibles à cette question des déserts médicaux", explique-t-elle. 

Un tiers des Français vit dans un désert médical. Des zones, en ville ou à la campagne, délaissées les jeunes médecins car l'exercice y est éprouvant tant le nombre de patients à soigner est colossal. Pourtant, une poignée de jeunes médecins accepte quand même de venir travailler dans ces déserts. À l'image d'Anaïs Werestchack, médecin généraliste qui a décidé d'entamer avec son compagnon un "tour de France des déserts médicaux". Ensemble, ils effectuent des remplacements ponctuels à la campagne, dans une démarche militante.

"J'ai vu des choses que je n'avais encore jamais vues, des patients qui sont en rupture de traitements parce qu'ils n'arrivent pas à obtenir de rendez-vous."

Anaïs Werestchack, médecin généraliste

à franceinfo

Anaïs Werestchack enchaîne les consultations et voit entre 25 et 30 patients par jour. La journée de travail dans un désert médical est éprouvante. La jeune femme raconte voir dans son cabinet "des patients hypertendus qui arrivent au cabinet avec des tensions très élevées". "Ce n'est pas de la 'bobologie', c'est de la vraie médecine", souligne-t-elle.

"J'ai déjà fait des remplacements en ville, je voyais tous les jours des patients qui venaient parce qu'ils avaient le nez qui coule, une douleur par ci ou par-là. Je me dis qu'avoir fait neuf ans d'études pour donner du Doliprane ou leur dire de se laver le nez, ce n'est pas très intéressant et c'est très redondant. Ici c'est vraiment des polypathologies, le recours aux spécialistes est plus difficile donc il y a aussi beaucoup de choses à faire, c'est très enrichissant", poursuit la médecin. 

"Heureusement qu'il y a des gens comme ça qui se déplacent !"

Onofrio, un patient

à franceinfo

Les patients, comme Onofrio sont reconnaissants. "C'est très dur pour avoir un médecin. Ils sont saturés", déplore-t-il. Anaïs Werestchack aurait pu choisir un quotidien plus tranquille. Du travail de médecin, il y en a partout. Mais cette blonde au physique de mannequin, qui a d'ailleurs été élue Miss Auvergne il y a deux ans, préfère "vadrouiller" comme elle dit, à bord de son van, pour ce "tour de France des déserts médicaux", avec son compagnon, Brice Philippon, kinésithérapeute.

Lui aussi effectue un remplacement dans un cabinet tout près. "On est obligés de refuser certains patients, leur dire que là les plannings sont pleins", raconte-t-il. Le but : soulager une consœur kinésithérapeute pour qu'elle puisse prendre des vacances. "Ou alors elle continue de travailler, travailler, de tirer un peu sur la corde, quitte à partir en burn-out en se donnant trop pour ses patients", justifie Brice Philippon.

Prochaines étapes pour le couple, un petit village de Haute-Savoie, puis la Bourgogne Franche-Comté, l'Alsace et le Nord.

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